D'ici 2022, le foie gras, qui avait fait son chemin jusque dans les cuisines new-yorkaises, sera interdit: ce mercredi 30 octobre, une loi adoptée à une majorité écrasante en a signé l'interdiction de vente.
Gavage forcé
La ville de New York, qui représentait l'une des plus grosses parts du marché du foie gras américain, avec près de 1.000 restaurants en proposant à la carte, rejoindra la Californie, qui avait statué en 2012 déjà dans le même sens, estimant que la fabrication du produit impliquait des actes de cruauté envers les animaux.
C'est qu'il s'obtient à partir du gavage des oies et des canards, qui pendant vingt jours suivent un régime intensif forcé à base de maïs, provoquant un gonflement du foie qui peut atteindre jusqu'à dix fois sa taille normale. Carlina Rivera, une conseillère municipale de Manhattan ayant porté le projet de loi, a déclaré que celui-ci permettait de «s'attaquer au procédé le plus inhumain» de l'industrie alimentaire, critiquant l'usage de cette pratique destinée «purement [à produire] un produit de luxe».
En Inde, en Israël ou en Grande-Bretagne, la vente et la production de foie gras sont également interdites. À Chicago, une loi locale avait été votée en 2006, et abolie deux ans plus tard par le maire d'alors, Richard Daley.
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Industrie fermière et restauration
Les mécontent·es sont évidemment nombreux·ses, et se comptent d'abord chez les propriétaires de restaurants et les agriculteur·ices. Au nord de New York se trouvent des fermes, spécialisées dans la production de foie gras: Hudson Valley Foie Gras et La Belle Farm, dans le comté de Sullivan, emploient ainsi 400 personnes, et la ville de New York représente près de 30% de leur activité. Avec 800 canards égorgés par jour, Hudson Valley revendiquait l'an dernier un chiffre d'affaire de 15 millions de dollars de foie gras.
Les prix sont bien plus élevés aux États-Unis qu'en France: un foie gras de 90 grammes peut se vendre là-bas à 125 dollars (soit 112 euros). Les amendes prévues en cas d'infraction seront d'autant plus salées: de 500 à 2.000 dollars (448 à 1.800 euros) par infraction, susceptibles d'être renouvelées chaque vingt-quatre heures.
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Le délai de 2022 vise cependant à laisser le temps aux producteurs et aux productrices d'adapter leur modèle commercial à la nouvelle loi, qui a par ailleurs été expurgée des sanctions pénales allant jusqu'à un an d'emprisonnement qui étaient initialement prévues.
En même temps que l'interdiction de la vente de foie gras, une autre législation a été adoptée, qui empêchera les attelages de chevaux de travailler les jours humides, interdira la capture et le transfert d'oiseaux sauvages comme les pigeons –souvent utilisés comme cibles de tirs–, et créera un département municipal pour le bien-être des animaux.