Pour la première fois aux États-Unis, des candidat·es à la présidentielle ont répondu à des questions posées par des personnes ayant été incarcérées dans une ancienne prison de Philadelphie. La rencontre, organisée par Voters Organized to Educate, une association qui défend les droits des ancien·nes détenu·es, avait pour but de lancer une conversation sur les questions de réforme du système juridique et pénitencier américain.
Sur les dix-huit candidat·es à la primaire démocrate, seulement trois sont venu·es pour le débat qui a eu lieu dans l'Eastern State Penitentiary à Philadelphie, un pénitentier du XIXe siècle reconverti en musée.
La sénatrice de Californie Kamala Harris (à environ 5% dans les sondages), le sénateur du New Jersey Cory Booker (à 2% dans les sondages) et le milliardaire Tom Steyer (1% environ) ont répondu aux questions de plusieurs activistes passé·es par la prison. Les questions du droit de vote des ancien·nes détenu·es (dans de nombreux États américains, les personnes qui vont en prison perdent leur droit de vote), des prisons privées, des peines minimum et des conditions de détention ont été évoquées.
«Nous voulions organiser ce débat aujourd'hui pour que le public comprenne que nous ne sommes pas une population jetable, a expliqué Vivian Nixon, une ancienne détenue et militante associative. Nous sommes des êtres humains... Nous sommes américains. Nous votons et nos besoins et nos opinions sont importantes.»
Kamala Harris a promis qu'en tant que présidente, elle ferait une enquête sur le système carcéral américain pour savoir qui en profite financièrement. Elle a aussi dit qu'elle mettrait fin à la pratique de l'isolement en prison.
«Je suis surpris et en colère, a déclaré Cory Booker. C'est l'occasion d'avoir une discussion avec des anciens détenus et il n'y a que trois candidats qui viennent. C'est inacceptable.»
Il a soutenu que la population carcérale devrait être réduite de moitié (il y a plus de deux millions de personnes actuellement emprisonnées aux États-Unis) et ques les personnes condamnées pour crimes non violents ne devraient pas perdre leur droit de vote.
La veille, un autre candidat, Julian Castro, avait rendu visite à des détenu·es dans une prison de Washington pour parler réforme du système carcéral.