En trente secondes, on peut en dire des choses. Des choses vraies mais surtout des fausses, comme la dernière publicité de l’équipe de campagne de Donald Trump sur Facebook. «Joe Biden a promis à l’Ukraine un milliard de dollars si elle limogeait le procureur chargé d’enquêter sur la société de son fils», indique-t-elle. Une fake news qui a été démentie par de nombreux fact-checkers, comme le racontent Vox ou Presse-Citron.
Si les chaînes de télévision traditionnelles sont obligées de diffuser les clips politiques des candidats, ce n’est pas le cas des chaînes privées ou des sites internet. CNN a par exemple refusé de passer la vidéo, sous prétexte qu’elle était une fake news. Fox, a l’inverse, a publié la publicité. Tout comme Facebook, YouTube ou Twitter. Les dégâts sont dévastateurs pour l’équipe de Joe Biden, candidat à la présidentielle américaine de 2020 et potentiel adversaire de Donald Trump, car la publicité a été visionnée plus de cinq millions de fois.
Joe Biden et son équipe ont donc demandé aux réseaux sociaux, comme Facebook de l’enlever. Et pour Katie Harbath, en charge des questions électorales à Facebook, c’est niet:
«Notre approche se fonde sur la croyance fondamentale de Facebook dans la liberté d'expression, le respect du processus démocratique et la conviction que, dans les démocraties matures avec une presse libre, le discours politique est vraisemblablement le discours le plus scruté de tous».
Étonnant pour une société qui a fait de la lutte contre les fakes news un de ses principaux objectifs? Pas tant que ça. «Ce n'est pas notre rôle d'intervenir dans le discours des hommes politiques», annonçait Nick Clegg, vice-président en charge des affaires publiques de Facebook, fin septembre. Si la plateforme intervient désormais dans des manipulations extérieures aux élections, comme avec la Russie sur les USA en 2016, elle ne souhaite pas jouer le rôle de censeur en politique intérieure américaine, où les candidats et politiciens ont une grande liberté de manoeuvre dans leurs spots publicitaires. Surtout que la publicité politique rapporte énormément à Facebook, comme le rappelle Les Echos. Les candidats à la présidentielle américaine ont déjà dépensé 50 millions de dollars sur Facebook, avec 14,4 millions pour le seul Donald Trump.
Les conservateurs américains comme Donald Trump ne sont pas les seuls à mettre des fakes news sur Facebook. Au Canada, les conservateurs locaux font des publicités en Chinois pour dire que Justin Trudeau allait «légaliser les drogues dures», comme le révèle le Globe and Mail. «C'est encore un autre exemple de conservateurs copiant le schéma de la droite américaine, diffusant de fausses informations pour effrayer et tromper les électeurs», a écrit le porte-parole du Parti libéral, Joe Pickerill. Là aussi, Facebook n’intervient pas.