Les antibiotiques qu'utilisent les agriculteurs et agricultrices à travers le monde pour éviter que leurs animaux ne soient malades sont de moins en moins efficaces. On sait déjà qu'à long terme, ces bacteries résistantes pourraient être transmises à l'homme et créer des infections extrêment complexes à soigner. Nous sommes ce que nous mangeons.
Les conséquences de cette antibiorésistance sont toutes aussi inquiétantes pour l'industrie agro-alimentaire conclut une étude publié dans le magazine Science. Pendant quatre ans, une équipe de scientifiques internationaux a rassemblé les données issus de 900 analyses produites dans le monde entier entre 2000 et 2018. L'antibiorésistance a augmenté partout –y compris celle aux nouveaux médicaments plus complexes. En dix-huit ans, la proportion de bactéries qui ne répondent plus aux traitements a triplé.
Les animaux les plus concernés sont les porcs et les poulets, ceux sont aussi les plus produits, en particulier dans les pays émergents: Chine, Inde, Brésil, Turquie, Iran, Kenya, etc. Dans ces pays où la demande augmente, le monde agricole s'industrialise à grands pas et les professionnels n'apprennent plus à soigner leurs animaux ce qui crée une forte dépendance à l'utilisation de médicaments.
«Tout le monde parle de la résistance des humains aux antibiotiques, mais personne ne parle de celle des animaux, indique Ramanan Laxminarayan, l'un des auteurs de l'étude au magazine Wired, pourtant, il y a plus d'animaux que d'humains sur la planète et ils sont essentiels aux modes de vie des pays en développement. Si nous ne sommes plus capables de les soigner, cela aura de graves conséquences sur la pauvreté.»
Le mésusage est à blâmer
Dans l'agriculture intensive, les antibiotiques sont utilisés à l'inverse de l'homme. Ils sont administrés aux animaux pour augmenter leur croissance et les empêcher de tomber malade et non pour les guérir d'une potentielle maladie. Évidement, cette méthode d'élevage est tout de même moins chère et moins contraignante qu'une plus traditionnelle. Elle permet donc plus facilement de nourrir une population grandissante.
En Afrique subsaharienne où l'agriculture intensive n'est pas automatique, les taux de résistance sont encore assez bas nous montre l'analyse. Peut-être est-il encore temps?