Kimberly Allen a 67 ans et menait jusqu'à peu une retraite paisible à Takoma Park, dans le Maryland. Mais depuis bientôt trois ans, elle a des crises de larmes inexpliquées, son sommeil est perturbé et on lui a même prescrit des médicaments contre l'hypertension artérielle. Elle attribue ses déboires physiques et mentaux au président Trump, à qui elle reproche de «faire du mal aux gens, aux animaux, à l'environnement, à nos relations avec les nations étrangères». Elle ajoute: «Je me réveille chaque jour en me demandant quelle nouvelle horreur va arriver.»
Une récente étude vient appuyer ses dires. Menée par le politologue Kevin Smith de l'Université du Nebraska à Lincoln, elle est parue dans la revue scientifique Plos One. Si elle n'affirme pas explicitement que Trump est la source des problèmes physiques et mentaux que rencontrent un nombre croissant d'Américain·es, elle souligne toutefois le rôle de l'élection de 2016 et ses conséquences dans leur développement. Décrivant la situation politique comme «inhabituelle» depuis que Trump est au pouvoir, Smith constate qu'«un adulte sur cinq perd le sommeil à cause de la politique. Une personne sur vingt a dit que cela l'avait menée à avoir des pensées suicidaires».
Augmentation générale du stress
Kevin Smith le concède aisément, «il s'agit d'une enquête à un moment donné» qu'il aimerait reproduire lorsque la politique sera dominée par une administration de gauche. Un autre chercheur qui n'a pas participé à l'étude, Christopher Borick, professeur de sciences politiques et directeur du Muhlenberg College Institute of Public Opinion, remarque néanmoins qu'il reçoit «beaucoup de rapports personnels et anecdotiques qui concordent avec les conclusions de cette étude, ce qui n'était pas le cas au cours de [ses] vingt-cinq dernières années passées dans ce domaine».
Une autre étude de l'Association américaine de psychologie, conduite annuellement et analysant les niveaux de stress des Américain·es, révèle également que «l'avenir de la nation» est devenu l'une des principales préoccupations des Américain·es (63%), devant l'argent (62%) et le travail (61%). 59% des répondant·es considèrent même vivre actuellement «le point le plus bas de l'histoire de la nation», et ce toutes générations confondues.
Christopher Borick invite les personnes stressées à «demander l'aide de professionnels pour faire face à leurs problèmes de santé. Plus important encore, en tant que société, nous devons réfléchir à la façon de réparer et inverser les dommages et trouver des moyens de rétablir la confiance dans nos institutions».