Comment des discours passés peuvent contredire une position présente? Lundi 1er mars, Nicolas Sarkozy se rendait en Vendée et en Charente-Maritime pour constater les dégâts laissés par la tempête Xynthia. Au moins 53 morts, plusieurs milliers d'habitations dévastés et des centaines d'exploitations détruites, l'ampleur de la catastophe est énorme. Et chacun cherche les raisons qui ont pu conduire deux régions françaises à être à ce point touchées. La concordance de deux facteurs naturels rares –une marée haute de fort coefficient, et des vents violents– ne pouvant tout expliquer, les reproches se sont rapidement reportés sur le rôle de l'urbanisation dans des zones sensibles aux inondations.
Une cible reprise par le président de la République qui a fustigé la politique d'urbanisme dans ces départements. «On ne peut pas transiger avec la sécurité», déclarait-il avant d'ajouter qu'il fallait «faire de toute urgence la lumière sur ce drame inacceptable et incompréhensible».
A peine deux jours plus tard, le mercredi 3 mars, la candidate d'Europe Ecologie aux élections régionales en Ile-de-France, Cécile Duflot, accusait le même Nicolas Sarkozy d'avoir mis en cause la loi littoral lors de sa campagne présidentielle. «Il avait dit en avril 2007: il faut assouplir la loi littoral pour que les communes puissent se développer, c'était à peu près sa déclaration», a affirmé Cécile Duflot sur les antennes de France Info.
Une position réaffirmée en effet à plusieurs reprises par le président de la République. Le 4 décembre 2008, lors de l'annonce de son plan de relance, Nicolas Sarkozy déclarait: «Les contraintes liées à l'urbanisme seront temporairement considérablement assouplies.» Le 21 avril 2009, au cours d'un discours sur le Grand Paris, il affirmait toutefois vouloir «rendre constructible les zones inondables pour des bâtiments adaptés à l'environnement et aux risques».
Près de 100.000 logements ont été construits entre 1999 et 2006 sur 424 communes de plus de 10.000 habitants «soumises à un risque majeur d'inondation», sur des terrains pouvant connaître «des submersions d'intensité et de fréquence variables», estime le Commissariat général au développement durable. Par ce constat qui porte à 7% en sept ans la hausse du nombre de logements dans des zones inondables, on estime à 2,7 millions le nombre de personnes résidant dans ces secteurs. Et c'est probablement plus: les deux communes les plus touchées samedi ne font pas partie de ce décompte.
Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Envoyez-le à infos @ slate.fr