«Les décès d'enfants sont des événements rares aux États-Unis», affirme le professeur en pédiatrie à Harvard Jonathan Winickoff, dans une interview accordée à CNBC. «Lorsque j'ai appris que plusieurs enfants étaient morts en détention à cause d'une grippe, cela m'a vraiment troublé.»
Depuis décembre 2018, au moins trois enfants de 2, 6 et 16 ans sont décédés dans des centres de détention américains après avoir contracté la maladie. Ils venaient de traverser la frontière qui sépare les États-Unis du Mexique.
Différents médecins ont alerté les autorités quant à la nécessité de vacciner gratuitement l'ensemble des détenu·es dès leur arrivée dans les camps de rétention. Le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP), qui organise et contrôle l'immigration, a annoncé qu'il n'en ferait rien avant la saison grippale de cette année (généralement aux alentours du mois d'octobre), selon les informations de CNBC.
Cas inquiétants
Ces trois cas inquiètent fortement les scientifiques et médecins. Aux États-Unis, le taux de mortalité chez les enfants qui souffrent de la grippe est d'environ 1 pour 600.000. Ici, ce sont trois êtres humains sur les 200.000 qui sont détenus dans des centres de rétention le long de la frontière.
C'est pour cette raison que le 1er août 2019, des docteur·es des universités de Harvard et de Johns Hopkins ont écrit une lettre à l'attention des Démocrates Rosa DeLauro et Lucille Roybal-Allard demandant une enquête sur ces trois décès. Le texte suggère que les mauvaises conditions dans les établissements de détention pourraient amplifier la propagation de la grippe.
Une position qui ne bouge pas
Les médecins recommandent que chaque enfant de plus de 6 mois bénéficie d'un vaccin. «Pendant la saison grippale, la vaccination devrait être offerte à tous les détenus dès leur arrivée afin de maximiser la protection des plus jeunes et des plus vulnérables», est-il écrit.
La position du Service des douanes et de la protection des frontières semble inchangée. «En raison du peu de temps pendant lequel le CBP prend ces personnes en charge et de la complexité des programmes de vaccination, ni le CBP ni ses sous-traitants médicaux ne leur administrent les vaccins», a déclaré l'organisme le mardi 20 août.
Les médecins accusent le Département de la sécurité intérieure et le Département de la santé et des services sociaux de ne pas optimiser les pratiques visant à traiter et prévenir la propagation des maladies dans ces camps.
«Ils devraient pouvoir le faire, a insisté le Dr William Schaffner, spécialiste des maladies infectueuses à l'université Vanderbilt. Je pense que la réponse [du Service des douanes et de la protection des frontières] est inappropriée.»