Umashima fait partie des douze îles aux chats du Japon. En 2014, pour 10 kilomètres et 30 habitants, on ne comptait pas moins de 90 félins qui promenaient paisiblement leurs coussinets sur les terres dont ils étaient maîtres.
Aujourd'hui, ils ne seraient toutefois plus que 30 à habiter l'île. Bien que 79 aient été castrés en 2014 à la suite des plaintes du voisinage, cette diminution significative en seulement cinq ans est apparue comme suspecte.
Suffisamment pour attirer l'attention des associations de défense animalière d'Umashima, dont la visibilité médiatique est renforcée depuis qu'une autre des îles aux chats, Aoshima, a enflammé internet il y a quatre ans.
Du poisson au poison
En plus des témoignages des résident·es qui ont semé le trouble sur l'île, attestant avoir observé ces dernières années des chats agonisants, les babines pleines d'écume, des morceaux de poisson à l'allure étrange ont été retrouvés dans un champ.
Marbrés de bleu, ces poissons semés sur l'île étaient recouverts de poison. Il n'en fallait pas plus pour alarmer les activistes de défense des animaux, entraînant l'île dans une tempête médiatique sans pareille pour ses quelques kilomètres de terre. Plusieurs chaînes de télévision japonaises se sont ainsi pressées dans le minuscule port d'Umashima pour faire acte de ce génocide félin.
Sous la pression, un résident a cédé: il a avoué avoir semé des bouts de poissons empoisonnés. Cependant, il se blanchit en expliquant que ce funeste appât était destiné aux corbeaux qui envahissaient ses champs de pommes de terre. «Je n'ai jamais eu l'intention de blesser un chat», ajoute-t-il sous l'œil des caméras.
L'affaire ne s'arrête pas là. «Il n'y a pas tellement de corbeaux à Umashima, explique au Guardian Sachie Yamazaki, une activiste qui a participé à l'enquête. Et la nourriture trouvée dans les champs était de manière évidente destinée à des chats.»
Il n'est donc pas exclu que le meurtrier récidive. Certains groupes appellent même à l'évacuation totale de l'île de ses résidents félins le temps d'y voir plus clair.
Pour les habitant·es, pas de doute: la tête du coupable est requise. «Ça me révolte et ça m'attriste profondément. Si quelqu'un est coupable de cette cruauté, il faut qu'il arrête immédiatement», s'émeut un résident interviewé par Mainichi, journal national japonais.