Si la Corée du Nord fait en général la une des journaux pour sa propension à enchaîner les tirs de missiles (trois en une semaine les 25, 31 juillet et le 2 août), on la connaît aussi pour ses mesures de propagande hautes en couleur, à l'image des «Jeux de masse», ces gigantesques spectacles à la gloire du régime.
Aujourd'hui, c'est dans l'art du timbre politique qu'elle se surpasse, avec une série à l'effigie de son dirigeant suprême, Kim Jong-un accompagné de... Donald Trump. Des timbres qui célèbrent l'anniversaire de leur rencontre à Singapour le 12 juin 2018, où les deux hommes avaient établi un accord allant vers la «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne».
Aussi, on pourra voir sur les timbres Kim Jong-un et Donald Trump se serrant la main devant les drapeaux des deux nations subtilement entremêlés ou signant le fameux accord. Le tout dans des photographies à la symétrie exaltant l'ordre et l'harmonie, des valeurs chères au pays.
Outil politique
Une autre série de timbres est à venir. Elle représentera cette fois la poignée de main du 30 juin dernier à Panmunjom, dans la zone démilitarisée (DMZ).
Plus facilement modifiable qu'un billet de banque, le timbre est un outil politique puissant.
L'Algérie, lors de son indépendance, avait augmenté sa production de timbres de 158 modèles entre 1926 et 1961, à 709 entre 1962 et 1995, mettant l'accent sur des sujets phares comme le développement agricole et industriel, ou la promotion d'une culture nationale.
Par ce choix, le gouvernement nord-coréen continue à capitaliser sur la détente avec les États-Unis, tout en ne s'engageant que très modérément sur des mesures réelles. Le second sommet de Hanoï en février s'était achevé sur un désaccord, notamment à propos du nucélaire.
Les timbres rejoignent ainsi l'échange épistolaire «très amical» entre les deux chefs d'État de juin dernier, au rang des actions politiques purement cosmétiques.
Cependant, il est certain la question de la dénucléarisation coréenne s'engage dans une impasse, particulièrement après les tirs de projectiles de la semaine dernière. Comme l'a souligné Joshua Pollack, chercheur américain du Middlebury Institute of International Studies, pour relancer les négociations, il faudra «autre chose qu'une lettre d'une page et une nouvelle poignée de main». Autre chose que des timbres, donc.