Parents & enfants

Les grands-parents n'en peuvent plus de garder leurs petits-enfants

Temps de lecture : 2 min

«On a l'impression qu'on ne peut pas dire non.»

Mamie est particulièrement fatiguée? Elle subit peut-être les conséquences de la «grand-parentalité intensive».  | Nikoline Arns via Unsplash
Mamie est particulièrement fatiguée? Elle subit peut-être les conséquences de la «grand-parentalité intensive».  | Nikoline Arns via Unsplash

Offrir des glaces et les emmener faire du manège, ça allait encore. Mais garder ses petits-enfants plusieurs fois par semaine, ça commence à faire beaucoup –surtout pour les grands-parents qui ont encore un emploi ou qui sont obligés d'arrêter de travailler pour devenir nounou à plein temps.

Ils ont un peu de mal à l'avouer, parce qu'ils aiment énormément leurs enfants et leurs petits-enfants, mais ils commencent à en avoir ras la casquette.

Les sociologues ont même donné un nom à la noble contribution des grands-parents dans l'éducation de leurs petits-enfants: la «grand-parentalité intensive».

À en juger une étude publiée en 2018, la situation serait de plus en plus répandue: aux États-Unis, près de la moitié des jeunes enfants, 35% des enfants en primaire et 20% des adolescent·es déclarent passer du temps avec leurs grands-parents au moins une fois dans la semaine.

Exigence de disponibilité

Si les grands-parents sont surmenés, c'est d'abord à cause de l'évolution des pratiques éducatives. Être bilingue à 6 ans, savoir jouer du piano, maîtriser le judo et le tennis, il faut désormais offrir toutes les possibilités à notre progéniture, ce qui suppose une disponibilité qui n'est pas donnée à tout le monde.

Aux États-Unis en particulier, les avantages en matière de congé parental sont plus que modestes: il s'agit de l'un des deux seuls pays au monde à ne pas rémunérer le congé maternité, aux cotés de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Il résulte de cette absence d'aménagements sociaux une nécessité de s'appuyer sur d'autres adultes pour garder les enfants. Avec des garderies coûtant jusqu'à 2.000 dollars par mois, l'option Mamie ou Papi s'avère indispensable pour beaucoup de foyers.

Surmenés, les grands-parents passent leurs journées à conduire leurs petits-enfants à leurs activités hebdomadaires –d'où l'amusant surnom qu'un couple confie au New York Times, Mamie Lyft et Papi Uber.

À la fatigue des semaines passées à courir s'ajoute aussi l'exigeance de disponibilité. Certains grands-parents prennent leur retraite plus tôt pour dédier leurs journées à la garde de leurs petits-enfants, au risque de voir leurs finances mises en péril.

D'autres en oublient même leur vie sociale. «Ils se disent que c'est bien de garder les enfants, et puis tout à coup, ils se rendent compte qu'ils ne font plus de sport, qu'ils ne voient plus leurs amis», note la sociologue américaine Jennifer Utrata.

«Discours du bonheur»

Et si jamais ils réalisent que trop, c'est trop? Quand on est grand-parent, «on a l'impression qu'on ne peut pas dire non», souligne la spécialiste.

Bien entendu, beaucoup ont du mal à reconnaître leur désarroi: le sentiment d'épuisement est parfois enfoui sous ce que Jennifer Utrata appelle le «discours du bonheur».

«Ma fille et mon beau-fils me font confiance pour les aider dans l'éducation de leurs enfants et je leur en suis extrêmement reconnaissante», raconte ainsi une grand-mère au New York Times.

Malheureusement, ce n'est pas parce que les grands-parents ne se plaignent pas qu'ils ne sont pas surmenés. À nous d'en prendre conscience.

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