La science est encore un monde d'hommes qui manque cruellement de femmes. D'après le rapport de l'Unesco sur la science: vers 2030, les femmes représentent seulement 28% des personnes qui font de la recherche dans le monde. Depuis 1903, année où Marie Curie recevait le prix Nobel pour la première fois, les femmes sont en outre sous-représentées dans les cérémonies de remise de prix: près de 600 hommes contre seulement 51 femmes (Marie Curie en ayant reçu 2) ont remporté la récompense tant convoitée en physique, chimie ou médecine, soit 4% des lauréat·es.
Une région fait exeption à la règle: l'Europe de l'Est. Alors que l'Union européenne (UE) affiche de mauvais résultats du point de vue de la parité –deux cinquièmes des scientifiques et ingénieur·es sont des femmes– ce territoire reste influencé par son passé communiste et se montre égalitaire.
Égalitarisme
Selon un rapport récent de l'université de Leiden (Pays-Bas), la Pologne et la Serbie tirent aussi leur épingle du jeu. Leurs universités ont été classées parmi les meilleures au monde pour l'égalité des sexes dans les publications de recherche. Selon Eurostat la Lituanie n'est pas en reste avec 57% de femmes scientifiques et ingénieur·es, suivie par la Bulgarie et la Lettonie avec 53%.
Pourquoi font-ils mieux que nous? L'héritage soviétique y est pour beaucoup. L'idée que l'égalité entre les individus devait être atteinte par tous les moyens et dans tous les domaines passait par le travail, qui occupait une place de choix dans le processus de libération des femmes: «Pour qu'elle soit réellement émancipée, pour qu'elle soit vraiment l'égale de l'homme, il faut qu'elle participe au travail productif commun et que le ménage privé n'existe plus», affirmait Lénine.
En Union soviétique, ces dernières étaient encouragées à s’engager dans des disciplines scientifiques. Depuis 1991 ces pays ont ainsi enregistré un nombre croissant de femmes scientifiques, principalement dans des «champs traditionnels pour les femmes», tels que la médecine clinique, la biologie et la recherche biomédicale.
La région a bien compris l'importance de la femme dans le monde scientifique. «Soutenir la place des femmes dans la recherche, c'est se donner toutes les chances d'une innovation scientifique bénéfique à tous», a déclaré Alexandra Palt, directrice générale de la Fondation L'Oréal –une association qui encourage les femmes scientifiques– à Sciences et Avenir.