Les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver à peine achevés, c'est l'heure des traditionnelles rétrospectives sur les deux semaines de compétition. Soyons honnête, plus que les performances et prouesses sportives, ce sont les images du curling et de ses balayeurs fous ou encore du short-track et de ses athlètes qui finissent (presque) tous les fesses sur la glace qui nous ont diverti.
Loin d'être des exceptions, ces sports sont en fait les derniers d'une longue lignée de disciplines farfelues qui ont été présentées aux JO d'hiver, souvent en tant que «sport de démonstration» dans un premier temps, sorte de test grandeur nature pour savoir si une discipline a le potentiel pour devenir une épreuve officielle, notamment en termes d'intérêt du public.
Plusieurs sports aujourd'hui inclus dans les programmes officiels sont passés par la case «démonstration», parfois après de multiples péripéties. Le curling a ainsi été une épreuve officielle en 1924 à Chamonix, puis relégué sport de démonstrations quatre ans plus tard à Lake Placid, avant de disparaître pour réapparaître en 1988 à Calgary, puis à Albertville en 1992. Et ce n'est qu'aux Jeux de Nagano en 1998 que le lancer de pierres sur glace a définitivement pris sa place dans les épreuves olympiques officielles.
Mais tous ces «sports» n'ont pas connu le même succès que le curling. Malheureusement, les espoirs de redécouvrir des disciplines farfelues se sont considérablement réduits depuis que le CIO a suspendu, en 1996, l'organisation de ces épreuves parallèles pour des raisons pratiques, l'organisation des Jeux à proprement parler étant devenue assez compliquée. Voici quand même une liste non-exhaustive des sports que l'histoire a oubliés, en attendant qu'ils soient un jour miraculeusement ressuscités et viennent égayer nos longues soirées d'hiver.
Le ballet à ski
Le ballet à ski, ou acroski, est une discipline généralement classée dans la catégorie du ski acrobatique, au même titre que le ski de bosses ou le ski cross. Sorte de patinage artistique sur neige, le skieur y effectue des figures sur un thème musical sur une piste à faible pente de 200 mètres. La discipline a connu un pic d'intérêt dans les années 1970 et 1980 avant de disparaître progressivement du paysage des sports d'hiver.
Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais le ballet à ski était présent aux Jeux d'Albertville de 1992, en tant que sport de démonstration. Le Français Fabrice Becker (et son foulard rouge autour de la ceinture) avait gagné le titre honorifique en survolant la compétition avec sa grâce et ses aptitudes physiques. A voir les images ci-dessous, on peut regretter que la paire Monfort-Candeloro ne sévissait pas encore aux micros de France Télévisions.
Le Bandy
A mi-chemin entre le hockey sur glace et le football, le bandy a eu l'honneur d'être sport de démonstration aux Jeux d'Oslo en 1952. Pratiqué sur des champs de glace aux Pays-Bas au XVIe siècle, il s'est fait détrôner dans les années 1920 par le hockey, victime notamment du réchauffement climatique (le hockey ayant l'avantage de se pratiquer dans des patinoires, et non dans des champs). Le bandy oppose deux équipes de 11 joueurs durant deux mi-temps de quarante cinq minutes sur un terrain aux dimensions de celles d'un terrain de football et utilise la même règle du hors-jeu.
La Fédération internationale de bandy estime sur son site à 7 millions le nombre de joueurs professionnels actuellement, un chiffre qui semble incroyablement élevé et que l'on mettra sur le compte d'une erreur de langage: 7 millions de pratiquants paraît plus plausible. En Suède, la finale nationale attire tout de même 30.000 spectateurs chaque année, tandis que le sport compte un million de pratiquants en Russie, où certains joueurs professionnels sont payés plusieurs centaines de milliers d'euros par an.
Grâce aux 25 fédérations nationales de bandy (le minimum requis), le sport est officiellement reconnu par le CIO, mais il n'est pas un sport olympique. Cela pourrait changer lors des Jeux de Sotchi en 2014: Vladimir Poutine soutient le Comité olympique russe pour que le bandy y soit présent d'une manière ou d'une autre.
La crosse sur glace
La crosse sur glace, (également appelé curling bavarois ou Eisstock en VO) est, comme son nom, l'indique le cousin du sport d'adresse qui a fait se lever les foules sur les patinoires de Vancouver. Il consiste, comme le curling, en un lancer de pierres (surmontées d'un manche vertical de 30 centimètre et non d'une poignée) sur une longue distance.
Pratiqué principalement dans les Alpes bavaroises, la crosse sur glace a été à deux reprises sport de démonstration aux JO d'hiver, en 1936 à Garmisch-Partenkirchen et en 1976 à Innsbruck.
Le curling bavarois, historiquement apprécié des paysans et des artisans pour surmonter de manière ludique l'inactivité due au gel de l'hiver, est populaire à Münich, où le site de la mairie recense pour les touristes et autres amateurs plus de 30 pistes de curling, où le vin chaud et le casse-croûte, éléments indispensables de toute partie qui se respecte, accompagnent ce moment de détente familiale.
Le ski-joring
Le ski-joring regroupe plusieurs disciplines, qui consistent à se faire tirer à ski par des chiens, un cheval ou même un engin motorisé.
La variante à chiens se court généralement sur 5 à 20 km, mais certaines compétitions mettent durement à l'épreuve l'endurance des participants avec des distances allant jusqu'à 160 kilomètres à parcourir. Si toutes les races de chiens sont autorisées dans les compétitions, mieux vaut en choisir un puissant, et surtout pas trop affectueux: l'une des clés des courses avec chiens est la capacité de l'animal à doubler ses congénères sans interférer avec eux.
L'autre version, le ski-joring équestre, est celle qui a eu l'honneur de figurer au programme des JO de 1928 à Saint-Moritz, où le podium fut dominé par trois Suisses (sur huit concurrents au total). En France, la discipline (qui est plus développée que sa soeur à chiens) dépend de la Fédération française d'équitation. Les championnats de France attirent près de deux cents attelages chaque année.
Grégoire Fleurot
Image de une: Une course de ski-joring près de Genève, REUTERS/Denis Balibouse
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