«Nous avons d'abord cru que ce n'était pas vrai», a raconté Eva Fuglei au Guardian, qui a suivi la renarde. Et pourtant les données étaient bien réelles.
Une renarde arctique –ou renarde polaire– partie le 26 mars 2018 de Norvège a rejoint le Canada le 1er juillet de la même année. Un périple inédit en son genre qui a surpris les scientifiques de l'Institut polaire norvégien. «Lorsqu'on a pu voir où elle se trouvait, on s'est dit: “C'est vraiment vrai?”, se souvient pour le Washington Post Arnaud Tarroux, l'un des chercheurs qui a suivi la femelle. Y a-t-il eu une erreur dans les données?»
Un article publié le 24 juin par l'Institut polaire norvégien décrit le voyage de la renarde et montre à quel point elle aura réussi à surprendre les spécialistes.
Published this morning: "Arctic fox dispersal from Svalbard to Canada: one female’s long run across sea ice" https://t.co/vUvu4NbPEj This is the first satellite tracking of natal dispersal by an Arctic fox between continents. Authors: Eva Fuglei and Arnaud Tarroux pic.twitter.com/gowSov0OBA
— Polar Research (@PolarResearch) 25 juin 2019
Un périple inédit
L'histoire commence en juillet 2017. En Norvège, une équipe de recherche installe un tracker sur l'animal afin d'étudier son comportement. Elle découvre que le 26 mars 2018, la renarde quitte l'île de Spitzberg où elle se trouve. Elle a probablement décidé d'en partir pour cause de pénurie alimentaire.
Vingt-et-un jours plus tard et après avoir parcouru plus de 1.500 kilomètres sur la glace, la femelle renard arrive au Groenland. Mais comment? Les scientifiques expliquent que la grande quantité de terrain couvert ce jour-là a pu lui permettre de se servir de la mer de glace comme moyen de transport.
Mais son histoire ne s'arrête pas là. Elle a poursuivi son chemin jusqu'à l'île d'Ellesmere au Canada, qu'elle a atteinte le 1er juillet 2018. En tout, elle aura parcouru plus de 3.500 kilomètres en soixante-seize jours. Selon l'article, la femelle couvrait une distance moyenne de 46 kilomètres par jour –atteignant parfois les 160 kilomètres.
Les scientifiques savaient déjà que certains renards originaires des régions arctiques effectuaient de longs voyages. Mais cette femelle s'est distinguée par sa vitesse de déplacement.
Ce genre de phénomène risque de se raréfier: le réchauffement climatique pourrait mettre en danger la capacité de l'espèce à migrer alors que la glace fond très vite au Groenland.