L'orgasme, une explosion, un spasme de plaisir qui envahit le corps. Nous savons déjà que, comme les êtres humains, certains animaux peuvent ressentir du plaisir sexuel. Il existe d'ailleurs des pratiques insoupçonnées chez ces derniers. Les chauves-souris roussettes, par exemple, s'adonnent fréquemment à la fellation. Les bonobos sont aussi connus pour leur vie sexuelle intense. Ils adoptent toutes les positions, pratiquent la fellation, la masturbation, le baiser sur la bouche avec la langue.
Alors que le plaisir masculin chez les mammifères est largement étudié, le plaisir féminin, lui, a souvent été ignoré. Or, nous savons depuis longtemps que le plaisir féminin chez les mammifères existe. C'est le cas chez les bonobos: les femelles retroussent les lèvres dans un large sourire, poussant des cris aigus et excités tandis qu'elles frottent leurs clitoris l'un contre l'autre avec ardeur. La masturbation représente aussi chez ces femelles une activité courante qui n'aurait aucun sens si elles n'en tiraient aucun avantage ou plaisir.
Le clitoris n'est pas l'apanage des femmes
Le clitoris est à l'origine du plaisir féminin. Comme la verge, il subit des phénomènes d'érection et de durcissement lors de l'excitation sexuelle. Cet organe, similaire anatomiquement au sexe masculin, possède des corps caverneux avec une forte densité de vaisseaux sanguins permettant son érection. Il est fourni en terminaisons nerveuses responsables du plaisir.
Une équipe de chercheuses s'est intéressée au plaisir féminin chez la femelle dauphin. Les dauphins mâles sont déjà connus pour leurs comportements sexuels débridés. Ils ont notamment été aperçus pratiquant la masturbation sur des objets échoués au fond de l'eau ou ayant des relations homosexuelles. Certains vont jusqu'à violer leurs congénères. La femelle dauphin peut-elle aussi prendre du plaisir?
Anatomie aux rayons X
Les deux chercheuses ont étudié pour la première fois l'appareil génital des femelles dauphins en observant onze femelles retrouvées mortes sur des plages. Elles l'ont disséqué pour examiner la nature des tissus et leur morphologie grâce à un microscope avec des rayons X en 3D.
Les scientifiques ont montré que les femelles dauphins ont un clitoris large et développé, avec un réseau de nerfs dense qui suggère qu'une sensation de plaisir pourrait être ressentie lorsqu'il est stimulé. On y apprend que leur clitoris est structuré comme celui des femmes, composé de tissus érectiles et irrigué par un maillage de vaisseaux sanguins.
Une différence existe néanmoins: alors que chez les femmes, le clitoris est en position externe de l'ouverture vaginale, chez les dauphins, il est placé à son entrée –donc en contact direct avec le pénis pendant la copulation. Le placement du clitoris près de l'ouverture vaginale indique qu'il peut être facilement stimulé pendant le coït, ce qui n'est pas le cas pour les femmes. Le clitoris des dauphins est stratégiquement mieux placé que celui les femmes pour la copulation puisque directement stimulé par le pénis.
Il faut tout de même rester prudent. Si ces chercheuses ont démontré l'existence du clitoris chez ces mammifères marins, aucune preuve ne vient pour l'instant étayer son implication dans le plaisir sexuel et l'orgasme. Pour l'affirmer, des études physiologiques de dauphins femelles restent à faire.
La fonction du plaisir au cours de l'évolution est de maintenir l’acte sexuel.
Cette étude suggère cependant que le plaisir féminin n'est pas réservé à l'espèce humaine et à ses proches cousins (bonobos et primates) et que d'autres mammifères possèdent un clitoris.
Du point de vue de l'évolution, cette étude pose plusieurs questions très intéressantes: à quel moment le clitoris et/ou le plaisir féminin sont-ils apparus? Les espèces qui pratiquent la pénétration pour la fécondation ont-elles un clitoris ou un organe similaire? Peuvent-elles avoir un orgasme ou ressentir du plaisir? Certes, le rapport en lui-même n'a pas pour but de conduire à la jouissance. Cependant, la fonction du plaisir au cours de l'évolution est de maintenir l’acte sexuel. Qu'en est-il par exemple pour les oiseaux ou les requins qui pratiquent tous la pénétration?
Les scientifiques ont observé que chez les mammifères à ovulation induite (ou provoquée) le clitoris était positionné directement ou à proximité du vagin –permettant à tout accouplement de déclencher un orgasme, donc une ovulation. En revanche, chez les mammifères à ovulation spontanée –qui n'ont pas besoin d'orgasme pour la provoquer (comme chez la femme ou le bonobo)–, le clitoris s'est éloigné du vagin.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l'article original.
