Depuis deux soirs, les balles en caoutchouc et les grenades lacrymogènes fusent à Tbilissi, la capitale géorgienne, où plus de 10.000 personnes se sont réunies devant le Parlement pour protester contre l’influence grandissante de la Russie au sein du gouvernement.
Les manifestations font suite à l’intervention au sein du Parlement géorgien d’un député russe, Sergueï Gavrilov, qui a présidé ce jeudi 20 juin une réunion internationale consacrée à la religion orthodoxe. De violents affrontements entre la police et les manifestants ont fait 240 blessés – dont 160 manifestants et 80 policiers – et mené à 305 arrestations.
Vendredi soir, Poutine signait un décret pour interdire aux compagnies aériennes russes de se rendre en Géorgie.
Pression sur l'industrie touristique
Cette suspension marque une forte escalade dans les tensions entre la Russie et la Géorgie. En 2008, une guerre éclair avait vu s’affronter les deux pays sur la question de la province séparatiste de l’Ossétie du Sud, occupée depuis par des troupes russes. En interdisant les vols, Poutine cherche à faire pression sur l’économie du pays : l’année dernière, plus de 1,4 million de Russes se sont rendus en Géorgie, où le secteur touristique représente 7,6% du PIB.
Selon le décret, les compagnies aériennes russes n’auront plus l’autorisation d’amener leurs citoyens en Géorgie à partir du 8 juillet 2019 : chaque semaine, des compagnies comme Aeroflot, S7, Ural Airlines et Pobeda transportent pourtant des milliers de passagers russes vers les trois aéroports que compte la Géorgie.
Le décret requiert également de la part du Parlement de prendre des dispositions afin d’organiser le retour des citoyens russes présents actuellement en Géorgie, et demande aux agences de voyage locales de ne pas envoyer leurs clients dans le pays.
Selon Poutine, cette mesure est nécessaire pour « protéger la sécurité nationale de la Fédération de Russie », face à ce que le Kremlin a qualifié de « provocation antirusse ».
À Tbilissi, une partie de la population réclame pourtant la démission du ministre de l’Intérieur et l’organisation d’élections anticipées, espérant s’émanciper de l’ingérence russe pesant sur la politique intérieure du pays.