Les trois catégories définissant nos orientations sexuelles –hétéro, homo ou bi– sont-elles trop restrictives et peinent-elles à saisir la réalité d'une fluidité bien plus courante qu'on pourrait le croire? C'est en tout cas ce que pense Christine Kaestle, chercheuse à Viginia Tech et spécialiste de la santé adolescente.
Selon son étude publiée en mai dans le Journal of Sex Research, les changements d'attirance et d'identité sexuelles seraient très fréquents de la puberté au début de la vingtaine et l'orientation ne se fixerait pas avant l'âge de 30 ans environ.
Son travail, mené sur près de 12.000 étudiant·es qui ont participé à la grande enquête démographique américaine Add Health suivant au long cours près de 100.000 individus, laisse entendre que le développement de l'orientation sexuelle se poursuivrait bien après la puberté. Kaestle montre également que ce développement suivrait deux trajectoires bien distinctes selon les sexes –les femmes ayant tendance à être plus fluides et à le rester sur une période plus longue.
Deux sexes, neuf catégories
Dès lors, Kaestle propose de remplacer les trois catégories classiques par un total de neuf –cinq pour les femmes et quatre pour les hommes.
Les catégories féminines seraient:
- hétéro (73,8% de l'échantillon);
- principalement hétéro de manière discontinue (10,1%);
- bi en émergence (7,5%);
- lesbienne en émergence (1,5%);
- expression sexuelle minimale (7%).
La catégorie «principalement hétéro de manière discontinue» concerne les femmes se sentant attirées par les deux sexes jusqu'à leur vingtaine et qui semblent ensuite se fixer sur les hommes. Quand aux catégories «en émergence», elles portent sur les femmes s'orientant à l'inverse sur la bisexualité ou le lesbianisme après un début de vie sexuelle plus varié.
Chez les hommes, les nouvelles catégories seraient:
- hétéro (87%);
- principalement hétéro ou bi (3.8%);
- gay en émergence (2,4%);
- expression sexuelle minimale (6,5%).
Chez les hommes comme chez les femmes, les hétéros constituent le groupe le plus peuplé et le plus stable. En outre, selon les données rassemblées par Kaestle, les hommes seraient plus susceptibles que les femmes d'être hétérosexuels –près de 90% des hommes, contre moins de 75% des femmes.