«Notre étude révèle un signal fort de la corrélation entre la hausse des températures due au changement climatique et la fonte des glaces [dans les montagnes himalayennes]», a déclaré Joshua Maurer, chercheur à l'observatoire de la Terre de l'université de Columbia à Lamont-Doherty, à National Geographic.
Si nous connaissions bien le phénomène de fonte des glaces en Arctique et en Antarctique, la nouvelle étude dont il est l'auteur principal démontre que l'Himalaya subit également l'impact du réchauffement climatique.
Les travaux de Joshua Maurer et ses collègues prouvent que les montagnes comprenant le plus haut sommet du monde, l'Everest, ont déjà perdu des milliards de tonnes de glace entre 2000 et 2016, à raison de près de 50 centimètres par an. Récemment, les glaciers ont perdu 8 milliards de tonnes d'eau en un an, soit l'équivalent de 3,2 millions de piscines olympiques.
Pour arriver à ces résultats, les scientifiques ont analysé quarante ans d'observations satellites de l'Inde, de la Chine et du Bouthan. La température moyenne a augmenté de 1°C dans la région depuis 2000, et jusqu'à un quart de la masse de glace de l'Himalaya a fondu au cours des quatre dernières décennies.
«Le réchauffement de l'atmosphère est le principal facteur de la perte de glace», a insisté Joshua Maurer.
Inondations puis sécheresse
L'étude met également en évidence le rapport entre hausse des températures et menace croissante pour les personnes vivant dans des régions glaciales.
Le changement climatique fait encourir d'importants dangers aux populations vivant à proximité de la chaîne himalayenne.
La glace et la neige sont les sources les plus puissantes des fleuves asiatiques; la fonte accélérée des glaciers entraîne un ruissellement 1,6 fois plus important que si les glaciers étaient stables. Depuis une dizaine d'années, les inondations saisonnières deviennent catastrophiques.
Deuxième danger, les besoins en eau. Environ 800 millions de personnes dépendent des eaux de ruissellement provenant des glaciers himalayens pour l'irrigation, l'hydroélectricité et l'eau potable.
Pour le moment, la fonte gonfle les eaux de ruissellement pendant les saisons chaudes, mais les scientifiques prévoient une diminution progressive et constante de la masse des glaciers.
«La perspective à long terme est celle d'une sécheresse, à mesure que le réservoir glaciaire s'épuisera», déplore Duncan Quincey, professeur à l'université de Leeds spécialisé en glaciologie, auprès de CNN.
Joerg Schaefer, coauteur de l'étude, alerte sur la gravité de la situation: «Cette étude vous donne une idée assez claire de ce qui se passera [dans l'Himalaya] dans les cinquante prochaines années. Si [la fonte] continue à ce rythme, ce sera dévastateur.»