Pendant des années, les scientifiques ont concentré une majorité de leurs études aux souris, mouches, et autres vers... et ont donc «négligé une grande partie du règne animal, et particulièrement de ses habitants les plus exotiques», souligne dans un récent article la National Public Radio (NPR). C'est pourquoi, depuis deux ans, le Laboratoire de Biologie Marine de Woods Hole, dans le Massachusetts, a commencé à élever des pieuvres. Celles-ci sont leurs nouveaux rats de laboratoire.
Pourquoi des pieuvres? «Pour étudier leurs gènes, et comprendre les secrets de leur comportement étrange, presque extra-terrestre», résume NPR. «Les céphalopodes ont des cerveaux magnifiques, fantastiques, et élaborés», justifie encore Carrie Albertin, qui travaille au laboratoire. Étudier leurs gènes, c'est comprendre aussi leurs facultés particulières à «changer de couleur, faire repousser leurs tentacules, ou se déplacer dans l'eau grâce à des jets de propulsion.»
Questions éthiques
La manipulation de ces animaux pose cependant des problèmes éthiques inédites: «Nous nous sentons vraiment très concernés par les questions éthiques qui touchent à ces créatures, et notamment parce que ces questions ne sont pas régulées au niveau fédéral», constate le biologiste Josh Rosenthal. NPR rappelle en effet que «les règles de bien-être animal pour la recherche scientifique ne s'appliquent pas aux animaux invertébrés».
Avec toutes les précautions qui s'imposent, les scientifiques du laboratoire tentent donc de percer les mystères de ces animaux à tentacules. En se focalisant sur les rats de laboratoire, les scientifiques sont, pendant des années, «passés à côté de la diversité de solutions biologiques à de nombreux problèmes», estime Josh Rosenthal.