Est-il autorisé de contester l'idée que le web est un bienfait pour la démocratie? Le magazine Books se pose la question dans son numéro de mars, dont l'article introductif est disponible en ligne. Books rappelle les promesses démocratiques d'Internet:
Bien avant l’apparition de Google et autres Twitter, l’outil affichait un énorme potentiel de rénovation civique. Dans les vieilles démocraties, il promettait de bousculer les conservatismes institutionnels, qu’il s’agît des partis politiques, des organes de la puissance publique, des dépositaires du savoir ou des grands médias. Il annonçait aussi de nouveaux moyens de lutter contre les abus de pouvoir en tout genre et fournissait aux militants des meilleures causes un formidable levier. Quant aux États autoritaires, ils se voyaient potentiellement menacés par ce nouveau moyen de nourrir les réseaux d’opposition, de les fédérer et de leur donner une audience internationale en temps réel.
Mais le magazine reprend une à une ces idées reçues pour déboulonner la statue Wikipédia ou le mythe des opposants qui font trembler les régimes autoritaires depuis Internet.
Les régimes autoritaires disposant d’un minimum de compétences ont appris à exploiter le Web pour déstabiliser les réseaux de la dissidence. Qu’il s’agisse de la Russie, de la Chine ou de l’Iran, l’usage du Web fait désormais le jeu des États non démocratiques. [...] La « démocratisation » de l’accès au savoir rendue possible par Internet est largement un trompe-l’œil. Symbole de cette « démocratisation », Wikipédia, qui reçoit chaque mois 330 millions de visiteurs. L’encyclopédie est très utile pour ceux qui ont reçu le bagage nécessaire pour lire entre les lignes, risquée pour les autres. En raison de la faiblesse de ses critères de validation, le site promeut une sorte de médiocratisation du savoir.
[Lire la présentation du dossier sur booksmag.fr]
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Photo de une: manifestations en Iran en juin 2009, Reuters