Jusqu'à présent, il n'existe pas beaucoup de recherches rigoureuses et de première main sur l'impact global de la nourriture pour animaux. Mais une chose est sûre: répondre à cette question précise dépendra de la façon dont on définit le terme de viande.
Le chien, meilleur ami du recyclage
Vous avez raison de dire que l'alimentation carnivore des chats et des chiens a plus de chances d'être mauvaise pour l'environnement que, par exemple, celle des oiseaux et des cochons d'Inde. Mais la viande que nous donnons à nos animaux domestiques n'est pas vraiment la même que celle que nous mangeons. La plupart de la nourriture pour chiens et chats que l'on trouve dans le commerce est faite à partir de morceaux que nous, humains, ne mangeons pas, comme des abats, des déchets et d'autres sous-produits d'os et de tissus divers.
Quand on l'envisage dans ce sens, alors, la nourriture pour animaux est une sorte d'opération de recyclage : elle se sert de déchets et leur trouve un usage. D'un point de vue économique, ces parties loin d'être appétissantes ne sont pas très rentables. Clark Williams-Derry, blogueur pour le think tank de Seattle Sightline Institute, remarque que les sous-produits ne représentent que 15% de la valeur d'un animal. De plus, soutient-il, l'industrie de l'alimentation animale contribue relativement faiblement à l'impact environnemental total de la production de viande de vache, de poulet ou de porc. Nous élevons et abattons ces animaux pour étancher notre soif de viande - et non pas pour produire les déchets qui se retrouveront ensuite dans la nourriture animale. C'est ainsi que 100 calories de sous-produits carnés représentent un impact moindre que 100 calories de viande pour la consommation humaine.
Viande pour chat ou viande pour homme, là n'est pas la question
Une autre manière d'examiner la question est de voir que les mêmes ressources - nourriture, terre, engrais - sont nécessaires, que ce soit pour faire des abats ou un steak de flanchet. Nathan Pelletier, économiste spécialisé dans les systèmes de production alimentaire, souligne que nous faisons des analyses de cycles de vie justement parce que le marché n'est pas très bon pour nous dire quels sont les véritables coûts environnementaux de nos choix (un exemple : le plastique bon marché.) Il n'est pas pertinent de différencier des types de viande entre eux - 100 calories de viande équivalent à 100 calories de viande, maintient-il.
L'automne dernier, deux experts néo-zélandais en architecture durable, Robert et Brenda Vale, ont hérissé les poils des amoureux des bêtes à la publication dans le magazine New Scientist d'un article s'appuyant sur leur livre Time To Eat the Dog? (C'est l'heure de manger le chien?). Selon les calculs approximatifs des Vale - pour lesquels toute la viande pour animaux est produite à partir de poulet, sans différence d'avec celle que consomment les humains - un chien de taille moyenne représente deux fois l'empreinte écologique d'une Toyota Land Cruiser. (L'empreinte écologique est définie par la quantité moyenne de terre et de mer requise pour créer un produit et en absorber les déchets.)
Une étude controversée
Plusieurs blogueurs ont crié au scandale, affirmant que les Vale avaient sur-estimé le nombre de calories nécessaires à un chien, et sous-estimé les impacts du Land Cruiser. The Lantern a regardé avec attention les chiffres des Vale et se pose suffisamment de questions pour qu'elle ne soit pas encore prête ni à accepter ni à rejeter leurs conclusions. Mais il semble évident qu'un animal domestique carnivore - en particulier s'il est gros et qu'il a très faim - requiert une quantité significative de ressources. Cela signifie-t-il que vous devriez jeter votre berger allemand pour le bien de la planète ? Non. The Lantern sait bien que les animaux domestiques sont importants dans de nombreuses familles et que suggérer à ses lecteurs de s'en débarrasser - quelque soit leur empreinte (de patte) écologique - revient à vous conseiller de vous suicider pour sauvegarder la planète (une recommandation qui revient d'ailleurs avec une certaine régularité dans la boîte mail de The Lantern). Mais l'attachement émotionnel que vous ressentez pour votre chien ou votre chat n'est en aucun cas un passe-droit qui vous permettrait d'ignorer son influence dans les chiffres de consommation globaux de votre famille. Peut-être cela signifie-t-il que vous pourriez chercher à compenser votre choix d'un compagnon animal - en préférant le vélo à la voiture, par exemple.
En attendant, que doit faire un propriétaire d'animal éco-responsable ? Selon la façon dont The Lantern voit les choses, il y a deux options qui valent la peine d'être explorées. La première est une variation de l'une de nos règles fondamentales pour les humains : mangez moins de viande. Certains végétariens et végétaliens font suivre à leurs chats et chiens des régimes alimentaires aussi sobres que les leurs. The Lantern ne pense pas que les humains devraient se passer totalement de viande, et ne va donc pas conseiller à votre animal de s'en passer aussi. Mais selon Marion Nestle - une experte en santé publique et en nutrition qui s'est récemment penchée sur la nourriture pour animaux - les recherches prouvent que les chiens et les chats peuvent trouver tous les nutriments dont ils ont besoin dans des aliments équilibrés, complets et 100% végétariens que l'on trouve dans le commerce. (Personne n'a cependant fait des tests cliniques sur le long terme en comparant les différents modes d'alimentation). Même si vous ne voulez pas totalement retirer la viande de l'équation, vous pourriez en économiser un peu en remplaçant une part saignante des repas de votre animal par des aliments conçus à base de légumes et de céréales.
L'autre option est d'enrôler votre animal dans vos efforts de recyclage alimentaire. Comme nous l'avons remarqué précédemment, la meilleure façon de rendre votre régime plus écologique est de consommer absolument tout ce que vous achetez. Nous, Américains, gaspillons beaucoup de nourriture - entre 30 et 40% selon les estimations les plus récentes - ce qui signifie que nous gâchons aussi toutes les ressources qui ont été nécessaires à l'élaboration de cette nourriture. Maintenant, The Lantern ne vous dit pas de transformer votre animal en poubelle et de remplir son bol avec des Oréos desséchés ou des nems pourris. Mais si vous avez dans votre réfrigérateur plus de viande et de légumes que vous ne pourrez en consommer, pensez à transformer ces excédents de nourriture en festin pour votre animal. Il existe de nombreux livres qui vous expliquent comment faire. Assurez-vous simplement que tout changement dans le régime de votre animal se fasse graduellement, et tenez votre vétérinaire au courant de vos expérimentations.
Nina Shen Rastogi
Traduit par Peggy Sastre
Photo de une: cours de cuisine spécial nourriture pour animquax à Séoul REUTERS/Kim Kyung Hoon
À LIRE AUSSI SUR SLATE: Votre chien pollue plus qu'un 4x4 (sauf si vous le mangez)