Les nouvelles qui viennent de l'Arctique sont rarement bonnes. Et le dernier rapport du National Snow and Ice Data Center américain, qui se concentre sur les recherches polaires n'y fait pas exception. On y apprend que la banquise mesure désormais (seulement) 13,45 millions de kilomètres carré, soit 1,24 million de moins que la moyenne observée entre 1981 et 2010 et 230.000 de moins que lors du précédent record établi en avril 2016.
L'autre problème majeur repéré par le NSIDC est que la vieille glace de la banquise (soit celle âgée de quatre ans au moins) ne constitue désormais que 1,2% de celle-ci. Elle constituait pourtant presque un tiers de la banquise au milieu des années 1980.
«La vieille glace est vitale pour que l'Arctique conserve son unité, explique Earther. Elle joue le rôle d'ancre pour la glace plus jeune et elle protège également contre les tempêtes qui frappent la région. [...] La perte de la vieille glace de la banquise est intimement liée à la disparition de la banquise, plus largement. En fondant, elle est remplacée par une glace plus jeune et plus fine, qui se brise plus facilement quand frappent les tempêtes, et qui fond plus facilement quand l'eau se réchauffe.»
Des prédictions alarmantes
Et comme ces derniers mois «les températures de l'air et de l'eau ont augmenté, et sa taille a diminué drastiquement», la situation est loin d'être idéale pour la banquise de l'Arctique actuellement, continue Earther. «Et même si la fonte des glaces en été ne devrait pas la réduire à néant, cela sera néanmoins un mauvais coup qui lui sera porté.»
L'une des rares bonnes nouvelles est que la glace âgée de trois à quatre ans est, elle, en augmentation pour l'instant. «Si cette glace survit à la saison des fontes, elle devrait plus ou moins renflouer la vieille banquise pour l'hiver 2019-2020», indique le NSIDC. Reste que l'organisme américain n'est pas très optimiste pour autant: «Il y a eu peu de réapprovisionnements de la sorte, ces dernières années.»
À tel point que selon le directeur du NSIDC interrogé par Earther, la vieille glace pourrait définitivement disparaître d'ici cinq à dix ans. Et la banquise pourrait, elle, complètement disparaître certains étés, dès le milieu des années 2030.