Cet article est publié en partenariat avec Quora, plateforme sur laquelle les internautes peuvent poser des questions et où d'autres, spécialistes du sujet, leur répondent.
La question du jour: «Pourquoi Albert Einstein rejetait-il l'idée du temps?»
La réponse de Paul Mainwood, titulaire d'un doctorat en philosophie de la physique:
J'imagine que la question fait référence au passage d'un texte écrit par Einstein. Dans ce texte, une lettre adressée à la famille de Michele Besso, son collaborateur et meilleur ami, écrite quelques jours après son décès, Albert Einstein disait:
«Et là, il a quitté ce monde bizarre un petit peu avant moi. Cela ne veut rien dire. Les gens comme nous, qui croient à la physique, savent que la distinction entre le passé, le présent et l'avenir n'est qu'une illusion obstinément persistante.»
Dans ce passage, Einstein ne rejetait pas l'existence du temps. Il rejetait la distinction objective entre le passé, le présent et l'avenir. La différence peut sembler mineure, mais elle ne l'est pas.
Einstein faisait référence à la conception Univers-bloc de l'espace-temps. Il est peu surprenant qu'il l'acceptait puisque, même si cette théorie avait été élaborée par d'autres (principalement Hermann Minkowski, l'un de ses professeurs), c'est le cadre dans lequel ses propres théories de la relativité restreinte et générale s'expriment le plus naturellement.
La perception de l'Univers-bloc de la réalité physique contient le temps, mais d'une manière remarquablement différente de notre conception habituelle. Elle présente une vision en quatre dimensions dans laquelle tous les événements du temps et de l'espace sont sur un pied d'égalité ontologique, et les événements présents ne sont pas plus réels ou vrais que les événements passés ou futurs. Il est aussi très difficile d'identifier le sens dans lequel le temps passe.
Einstein n'est pas le seul à avoir trouvé du réconfort, lors de la mort d'un proche, dans l'idée selon laquelle la distinction entre le passé, le présent et l'avenir n'est pas une caractéristique fondamentale de la réalité.