Monde / Économie

Pourquoi les compagnies aériennes allongent volontairement la durée des vols

Temps de lecture : 2 min

Ce n'est pas parce que les avions vont moins vite, ni pour préserver l'environnement (au contraire).

Play toy on blue sky | Marco Verch via Flickr CC License by
Play toy on blue sky | Marco Verch via Flickr CC License by

Si vous prenez l'avion régulièrement (en espérant que vous ayez une bonne raison pour cela), vous avez peut-être remarqué que la durée de certains vols était plus longue qu'il y a quelques années. Une journaliste de la BBC, qui s'est penchée sur le sujet, cite l'exemple du vol New York - Los Angeles, qui dure désormais plus de 6 heures (contre 5 dans les années 60), et celui du New York - Washington, qui est passé de 45 à 75 minutes.

Ce que les compagnies aériennes ne veulent pas que vous sachiez, écrit Kathryn B. Creedy, c'est que ces durées ont été volontairement allongées. L'explication est simple: la plupart des avions décollant avec du retard par rapport à l'horaire annoncé, les appareils devraient selon toute logique arriver également plus tard que l'heure affichée. Plutôt que d'essayer de traiter le problème des retards, les compagnies ont préféré annoncer des temps de vol plus importants.

Par conséquent, même si un avion part avec quelques (dizaines de) minutes de retard, il sera bien à l'heure à l'arrivée. Et si jamais il décolle sans retard, il suffit aux pilotes de ralentir la cadence pour arriver aux alentours de l'horaire figurant sur le billet.

«En moyenne, 30% des vols arrivent avec plus d'un quart d'heure de retard malgré ce dispositif», affirme le consultant en aviation Michael Baiada. «Sans cette astuce, le pourcentage d'avions en retard dépasserait les 40%». Il s'agit bel et bien de manipuler les voyageurs et voyageuses en tentant de leur faire croire qu'on améliore la ponctualité des vols, alors qu'en réalité, aucune mesure efficace n'a été mise en oeuvre dans ce sens. D'après l'organisme Airlines for America, les compagnies aériennes auraient pourtant dépensé des milliards de dollars dans le but de réduire les retards au décollage, sans y parvenir.

Le problème de cette façon de faire, nommée padding (ce qu'on peut se traduire par «délayage»), c'est que non seulement elle est mensongère, mais surtout qu'elle n'est absolument pas écologique. «Le padding, c'est plus de fuel consumé, plus de bruit, et plus d'émissions de dioxyde de carbone», explique Michael Baiada. D'après le spécialiste, prendre le problème dans le bon sens (c'est-à-dire essayer simplement de réduire les retards) permettrait non seulement de diminuer l'impact sur l'environnement, mais aussi de faire baisser le prix des billets (une consommation moins importante pouvant avoir un impact direct sur le tarif des vols).

Gérer les flux

Pour Michael Baiada, la clé réside dans la réorganisation du contrôle du trafic aérien. «Une fois que l'avion a quitté la piste de décollage, les compagnies aériennes "l'oublient" jusqu'à ce qu'il soit arrivé dans son aéroport de destination», explique-t-il. Or, avec un meilleur suivi de chaque voyage (gestion permanente de la vitesse de vol, choix stratégique des flux aériens), il serait possible de rendre le trafic plus fluide, donc de limiter le nombre de retards à l'arrivée... ce qui constitue la cause principale des retards pris par d'autres avions au départ.

Les compagnies aériennes semblent surtout obsédées par l'idée de conserver une bonne image auprès de la clientèle (mieux vaut tout faire pour ne pas être cataloguée "spécialiste des retards"). L'autre objectif est d'éviter au maximum que des avions arrivent avec plus de 3 heures de retard, ce qui, notamment pour les vols partant ou arrivant en Union Européenne, constitue la limite à partir de laquelle les passagers et passagères peuvent demander une indemnisation.

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