Pour lutter contre l'invisibilisation des personnes LGBTQ+ et les représentations stéréotypées de cette communauté, le site américain Broadly a lancé le 26 mars 2019 une banque d'images de 180 photos, prises par le photographe Zackary Drucker et mettant en scène quinze modèles trans et/ou non binaires dans des situations les plus diverses possibles: chez le médecin, à l'école, dans la rue, dans un bar...
Les images de la Gender Spectrum Collection sont libres de droits, disponibles sous licence Creative Commons, pour encourager un maximum de personnes à s'en servir.
En plus d'œuvrer à plus de diversité, la démarche répond à une véritable demande. «L'un des représentants de Shutterstock nous a affirmé qu'ils constataient une augmentation de 64% des recherches du terme “transgenre” par rapport à l'an dernier», raconte la journaliste Lindsay Schrupp sur Broadly. Du côté de Getty Images, les recherches sur ces thématiques ont triplé entre juin 2017 et juin 2018.
Les rares photos qui apparaissent dans ces banques d'images sont loin de favoriser une représentation inclusive des minorités sexuelles. Bien souvent, on y trouve uniquement des photos de mains ou d'épaules sur lesquelles sont dessinées des symboles trans ou LGBT+, par exemple dans le cadre d'une pride.
Corps sans tête
Sur les banques d'images, les personnes trans ou non binaires sont systématiquement mises en scène dans le cadre d'une lutte pour leurs droits ou lors de manifestations communautaires, jamais au travail, au restaurant ou lors de situations banales du quotidien –de quoi freiner sérieusement les envies de certaines rédactions d'imposer plus de diversité dans leurs photos d'illustration.
Pour accompagner les papiers abordant les questions trans ou queer, nombre de médias se résignent à publier des photos de mannequins de dos ou qui ne cadrent que le corps, évitant de montrer le visage du modèle par peur de perpétuer des stéréotypes genrés ou de commettre un impair.
Cette démarche n'est pas la solution idéale, affirme Nick Adams, représentant de la GLAAD, une agence américaine de veille médiatique luttant pour les droits de la communauté LGBTQ+: «Les images de corps sans tête sont très réductrices. Elles donnent l'impression que les personnes trans ont honte ou n'assument pas, et donc que l'on cache leur visage.»
Grâce à cette nouvelle banque d'images, il sera désormais plus simple d'illustrer du contenu sans proposer systématiquement des représentations hétérosexuelles. Mais comme le rappelle Lindsay Schrupp, avant ces problématiques d'illustration, la diversité passe d'abord par l'intégration –d'où la nécessité d'inclure plus de personnes trans, queer ou non binaires au sein des rédactions, des institutions et des entreprises.