La création du blanco remonte au temps des machines à écrire. Si vous n’étiez pas en âge de rédiger en 1950, ou que vous n’étiez tout simplement pas né, sachez que corriger une coquille était très compliqué: il fallait, en général, tout recommencer.
À l'époque, Bette Nesmith est une mère divorcée texane en difficulté financière, qui commence la dactylographie pour se faire un peu d’argent. Au fil des fautes, elle expérimente différentes manières de les dissimuler, en faisant appel à son fils pour l’aider. En 1958, elle brevette le Liquid Paper.
Neuf ans plus tard, l’Allemagne produit son propre liquide correcteur, aujourd’hui connu sous le nom de Tipp-Ex. En 1966, deux inventeurs américains, George Kloosterhouse et Edwin Johanknecht, importent le Wite-Out sur le marché de la papeterie.
L’époque des machines à écrire est aujourd'hui révolue, et le papier a largement disparu de nos espaces de travail. Le secteur des fournitures de bureau s’effondre; les ventes d’imprimantes sont en baisse: elles sont victimes de notre temps, où nous rédigeons sur ordinateur et envoyons nos textes par courrier électronique.
Il est difficile de concevoir l’utilité du blanco à l’ère du numérique. Et pourtant, le liquide correcteur ne fait pas que survivre: il prospère. Aux États-Unis, les ventes de la marque Wite-Out ont par exemple augmenté de 10% depuis 2017.
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Merci les millennials
En 2005, le New York Times se souciait déjà du sort du blanco, alors que l’iPhone n’était pas encore sorti. Près de quinze ans plus tard, le NPD Group, spécialisé dans les études de marché, annonce que les ventes de liquide correcteur toutes marques confondues ont connu sur le marché américain une hausse de 1% entre 2017 et 2018.
Mais qui continue encore à en acheter? Le magazine AdWeek a suggéré que les artistes utilisant le liquide comme peinture pouvaient être la cause de ces bons résultats.
Les marques de blanco ciblent également les jeunes. Tipp-Ex Europe avait lancé en 2010 une campagne de pub interactive sur YouTube; Wite-Out avait pensé à colorer l’emballage.
Et c'est peut-être effectivement l’affection des millennials pour la papeterie qui a sauvé leur peau: Tia Frapolli, présidente de la division fournitures de bureau du NPD Group, indique que le retour des lettres manuscrites et la mode du «bullet journal» ont sans doute donné un nouveau souffle au liquide correcteur.