Après le National Portrait Gallery et le Tate à Londres, le musée Guggenheim de New York a lui aussi annoncé qu'il ne recevrait plus de dons de la part de la famille Sackler, révèle ABC News. Un boycott s'organise peu à peu contre les propriétaires du laboratoire Purdue Pharma, qui produit notamment l'OxyContin, un opioïde accusé d'avoir fait des milliers de victimes aux États-Unis. Dans les années 1990, la firme a en effet «dépensé plus d'un milliard de dollars en marketing et lobbying pour encourager les médecins à prescrire l'antidouleur [...] hautement addictif», expliquions-nous dans un récent article.
À côté de ses activités pharmaceutiques, Richard Sackler joue également le mécène: il a apporté, et apporte toujours son soutien à de nombreux musées. Guggenheim a par exemple déclaré avoir reçu 7 millions de dollars de la part du milliardaire. Ce dernier a aussi versé des millions au Tate, dont les escalators centraux portent son nom.
Des activistes appellent au boycott des dons des Sackler
Depuis quelques mois, l'organisation P.A.I.N dénonce ce système de financement. Parmi ses objectifs, l'association demande que «tous les musées, universités, et institutions éducatives à travers le monde retirent leurs affichages en l'honneur de la famille Sackler, et refusent publiquement les futurs fonds qu'elle pourrait proposer.» «Nous réclamons que ces institutions désouvent publiquement les Sackler, et s'excusent pour avoir blanchi la réputation de cette famille criminelle», ajoute P.A.I.N.
Pour arriver à ses fins, l'artiste Nan Goldin, fondatrice de l'organisation, a menacé le National Portrait Gallery d'annuler son exposition si le musée ne boycottait pas les Sackler. Une menace qui a porté ses fruits, puisque le musée londonien a été le premier à refuser un don d'un million d'euros de la part du milliardaire, rapportait Courrier International le 19 mars dernier, en citant Artnet. Le Tate puis le Guggenheim ont pris exemple sur le musée londonien.
«Ce n'est pas facile de rendre l'argent ou de retirer un nom, mais appeler les institutions à ne plus accepter aucun don, cela apparaît comme une démarche plus raisonnable et plutôt intelligente», remarque le fondateur de Inside Philanthropy, un site qui étudie les origines des fonds des philanthropes.
Le Guardian rappelle que d'autres institutions ont reçu ou reçoivent encore de l'argent de la part des Sackler: le Victoria & Albert Museum ou la Serpentine Gallery à Londres, les universités de Cornell, de Stanford, ou d'Harvard, ou encore... le musée du Louvre.