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Au Venezuela, des soins médicaux en échange de votes pour Maduro

Temps de lecture : 2 min

Des médecins cubains envoyés au Venezuela racontent comment leur métier a été instrumentalisé à des fins politiques.

Un hôpital de Caracas au Venezuela, le 8 mars 2019 | Matias Delacroix / AFP
Un hôpital de Caracas au Venezuela, le 8 mars 2019 | Matias Delacroix / AFP

Depuis plus de dix ans, le gouvernement cubain envoie des milliers de médecins au Venezuela: elles et ils soignent la population et en échange, Cuba reçoit du pétrole. Mais il s'avère que les activités de ces envoyés ne sont pas purement médicales. En effet, seize médecins cubains, dont beaucoup ont préféré rester anonymes, ont expliqué au New York Times comment les gouvernements vénézuélien et cubain avaient mis en place un système dans lequel le personnel médical était censé faire de la propagande politique et parfois ne pas soigner les opposantes et les opposants au régime de Nicolás Maduro.

Yansnier Arias, un médecin cubain qui a récemment fui le Venezuela pour se réfugier au Chili, raconte que ses supérieurs l'ont empêché de donner de l'oxygène à un patient qui souffrait d'insuffisance cardiaque. Les consignes étaient de garder le matériel médical et les médicaments pour la période juste avant l'élection présidentielle de 2018, au lieu de gérer les urgences. Le but étant de donner l'impression, à la veille du vote, que Maduro avait réglé la pénurie d'équipement médical.

«C'est devenu une forme de chantage»

Comme l'indique le journaliste Nicholas Casey, la manipulation politique des soins a lieu à plusieurs niveaux. Avant les élections, les médecins qui font du porte-à-porte dans les quartiers pauvres devaient dire aux résidentes et aux résidents qu'ils ne seraient plus soignés s'ils ne votaient pas Maduro. D'autres ont dû refuser de soigner des personnes parce qu'elles étaient membres de l'opposition.

Carlos Ramírez, un dentiste cubain qui a fui le Venezuela pour se réfugier en Équateur, explique au New York Times qu'il avait pour ordre de dire à ses patientes et à ses patients que si Maduro perdait les élections, le Venezuela n'aurait plus de système de santé. «C'est devenu une forme de chantage», résume-t-il.

En 2017, le gouvernement a créé un système de carte d'identité, la «carte de la patrie», utilisée à la fois pour obtenir des denrées alimentaires et pour voter. Le Dr Arias raconte qu'à l'hôpital, le personnel n'a pas donné de médicaments à une femme épileptique parce qu'elle n'avait pas cette carte et qu'elle avait critiqué Maduro.

Selon les médecins interviewés par le New York Times, en 2015, des officiels du gouvernement se sont fait passer pour des docteurs et ont fait du démarchage avant les élections pour distribuer des médicaments afin d'encourager les gens à voter Maduro.

La manipulation politique des personnels médicaux est devenue tellement connue que certaines personnes opposées à Maduro les ont chassés de leurs maisons avec des chiens ou des armes.

Les médecins cubains qui ont quitté le Venezuela sont considérés comme des déserteurs par le gouvernement cubain, et ne peuvent pas retourner dans leur pays pour voir leurs familles.

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