Les plantes d’intérieur offrent une belle décoration, sont plaisantes à entretenir et rencontrent un vif succès sur Instagram. Une autre de leurs supposées vertus anime depuis des années les débats scientifiques: ces plantes purifient-elles l’air intérieur de votre logement? La réponse est, hélas, négative.
«C’est une idée très séduisante, confie à The Atlantic Elliot Gall, professeur à l’université de Portland, aux États-Unis. Mais la littérature scientifique montre que les plantes d'intérieur font très peu pour assainir l'air.» D’autres experts se montrent encore plus pessimistes: «Les plantes d'intérieur ne nettoient pas l'air plus qu'une vieille paire de chaussettes ou une casquette de baseball que j'accrocherais au mur», écrit Richard Corsi, chercheur de longue date sur la pollution atmosphérique.
Alors, d'où émane cette idée reçue?
L'origine du mythe
À la fin des années 1980, le scientifique de la Nasa Bill Wolverton a cherché à savoir si les plantes d'intérieur pouvaient éliminer un certain type de polluant atmosphérique, les composés organiques volatils (COV). Ces derniers sont régulièrement libérés par des produits ménagers courants, des peintures de maison, le vernis à ongles, des shampoings et presque tout ce qui contient du parfum. Leurs effets néfastes peuvent aller d’une démangeaison à la gorge au cancer du rhinopharynx. Contrairement aux particules fines, les COV sont impossibles à filtrer et peuvent donc s’accumuler dans des environnements hermétiques clos, tel qu’un vaisseau spatial ou un laboratoire. Directement concerné par le monde de l’aérospatial, Wolverton a donc étudié la capacité des plantes à absorber les COV. Son rapport, publié en 1989, annonçait que les plantes étaient «une solution prometteuse et économique à la pollution de l’air intérieur».
Une étude citée à de nombreuses reprises pour répandre l'idée que les plantes d'intérieur purifiaient les maisons. Sauf que... si rien n’est foncièrement faux dans le travail de Wolverton, un logement n’est pas un lieu hermétique –il y a des fenêtres, des portes et des courants d’air–, à l'inverse d'un vaisseau spatial, explique Michael Waring, professeur d’ingénierie à l’université de Drexel.
Warning et ses collègues ont récemment réétudié toute la question. Conclusion: pour que l’air intérieur soit vraiment purifié, une grande quantité de végétation serait nécessaire. Par exemple, pour un petit bureau d’environ dix-huit mètres cubes, il faudrait presque mille plantes pour obtenir un système de purification efficace. Et encore, certaines espèces sont moins aptes à absorber des composés organiques volatils que d’autres.
L’effet des plantes a aussi été examiné sur d’autres polluants, comme l’ozone troposphérique. Là non plus, elles ne peuvent pas faire grand-chose: même les plantes les plus efficaces en matière de purification de l’air réduisent à peine le niveau d’ozone intérieur.
À moins de tapisser vos murs de plantes vertes, vous ne purifierez donc pas votre intérieur de cette manière. Et ce n'est pas tout... de nouveaux inconvénients pointeraient leur nez, met en garde Elliot Gall: «Vous finiriez par avoir un vrai système vivant chez vous et cela pourrait augmenter l'humidité intérieure et causer d'autres soucis.»