Santé

Pour détecter les maladies, Joy Milne a du flair

Temps de lecture : 2 min

L'odorat sur-développé de la Britannique lui permet de repérer les cas d'Alzheimer, de Parkinson ou de cancer, et ce bien avant le diagnostic.

nose draw | Valeri Pizhanski via Flickr CC License by
nose draw | Valeri Pizhanski via Flickr CC License by

Avoir un odorat particulièrement développé ne destine pas forcément à travailler dans l'industrie du parfum ou dans le monde du vin. La Britannique Joy Milne, elle, est en train de vivre une nouvelle carrière, aussi formidable qu'inattendue: son nez absolument génial lui permet de détecter certaines maladies chez ses congénères.

Tout commence en 1994 lorsque le mari de Joy Milne, Les, apprend une terrible nouvelle: il est atteint de la maladie de Parkinson. Accompagnant son époux dans un groupe de parole consacré à cette maladie, Joy Milne prend soudain conscience que toutes les personnes atteintes présentent un point commun: l'odeur qu'elles dégagent. Un parfum musqué, que Joy avait commencé à repérer chez Les près de dix ans auparavant, sans pouvoir faire le lien avec la maladie qui n'avait pas encore été diagnostiquée.

Depuis toujours, Joy Milne est synesthésique: elle visualise notamment les odeurs, qu'elle ressent dans tout son corps et tout son être («Certaines odeurs me font froid dans le dos»). Ancienne infirmière, elle estime que de longues années passées dans le milieu médical ont sans doute contribué à affûter son odorat déjà exceptionnel, et à lui permettre de muscler cet incroyable don: elle peut reconnaître de nombreux problèmes de santé grâce à son seul nez.

Lorsqu'elle a découvert qu'elle possédait probablement un talent tout sauf anecdotique, Joy Milne a contacté des neurobiologistes, qui ont d'abord tiqué avant d'accepter de procéder à des tests. Les résultats se sont avérés plus que concluants: lorsqu'on lui a fait sentir des t-shirts, tout identiques, appartenant à des personnes différentes, l'Anglaise a su distinguer les malades des non-malades, à une exception près. Huit mois plus tard, la seule personne que Joy avait désigné comme atteinte alors qu'elle était censée ne pas l'être était diagnostiquée à son tour comme malade de Parkinson.

L'équipe du neurobiologiste Tilo Kunath, le scientifique vers qui Joy Milne s'était tournée, a découvert par la suite que certains marqueurs biologiques différaient selon qu'une personne était malade ou non, et que les différentes compositions chimiques de ces marqueurs semblaient être à l'origine de la différence de signature olfactive.

Aujourd'hui, le talent de Joy Milne est utilisé afin de repérer le plus tôt possible certains cas de Parkinson, c'est-à-dire avant même que les premiers signes avant-coureurs ne soient présents. Cela permet de gagner un temps incroyable dans la détection et le traitement de la maladie.

Mais pourquoi s'arrêter à Parkinson? «Chaque maladie a sa propre odeur», affirme Joy Milne, qui évoque les effluves vanillées de la maladie d'Alzheimer et l'odeur végétale, voire terreuse, de différents cancers.

L'an dernier, au cours d'un voyage humanitaire en Tanzanie, elle a également surpris les scientifiques en mission sur place, en parvenant à détecter des cas de tuberculose à partir de simples échantillons de salive. Jusque là, seuls des rats avaient pu être utilisés pour le même genre de détection... sauf que Joy Milne s'est montrée bien plus rapide que les rongeurs. «Joy peut nous donner des informations en une journée, alors qu'avec les rats, cela peut prendre des mois», explique Christophe Cox, de l'ONG belge APOPO, dont le slogan est «Nous entraînons des rats à sauver des vies».

Joy Milne est heureuse de se rendre à ce point utile, ce qui l'a aidée à se remettre du décès de son mari en 2015. Ses super-pouvoirs de renifleuse de maladies ouvrent un tout nouveau champ de possibilités, comme l'indique Tilo Kunath, pour qui la détection par les odeurs doit désormais constituer une priorité.

Newsletters

Grossesse et weed font-elles vraiment la paire?

Grossesse et weed font-elles vraiment la paire?

Dans ce dossier comme dans d'autres, le cannabis est souvent présumé coupable.

Nous sommes allergiques au monde moderne

Nous sommes allergiques au monde moderne

Atchoum.

«Un psy qui n'a pas vécu de moments difficiles peut-il être un bon psy?»

«Un psy qui n'a pas vécu de moments difficiles peut-il être un bon psy?»

Cette semaine, Mardi Noir conseille Florence, qui se demande si un psy n'étant pas passé par l'état de détresse de son patient peut l'aider.

Podcasts Grands Formats Séries
Slate Studio