Partout en France, aux abords des grandes, puis moyennes, et enfin petites villes, l'urbanisation a avalé la campagne. «Avec un formidable coup d'accélérateur depuis les années 1982-1983 et les lois de décentralisation Defferre», explique Télérama, qui enquête pour savoir «comment la France est devenue moche».
Les trois éléments de cette urbanisation sont constants: infrastructures routières, zones commerciales, lotissements; ils ont débouché sur «l'étalement urbain le plus spectaculaire d'Europe: tous les dix ans, l'équivalent d'un département français disparaît sous le béton, le bitume, les panneaux, la tôle.»
Ces transformations ne sont pas une fatalité. L'architecte urbaniste David Mangin auteur de La Ville franchisée, estime qu'il s'agit au contraire de «de rapports de forces politiques, de visions idéologiques, de cultures techniques». Comme la loi Pasqua de 1998, qui stipule que tout citoyen doit se trouver à moins de 45 minutes d'une entrée ou d'une sortie d'autoroute.
La culture des hypermarchés développée en France a aussi eu son rôle dans la dilution des villes en périphérie. La France compte 1.400 hypermarchés et 8.000 supermarchés: une spécificité hexagonale (70% du chiffre d'affaires commercial est réalisé en périphérie des villes, contre 30% en Allemagne). Dans un rapport sur l'urbanisme commercial rédigé en mars 2009, le député UMP Jean-Paul Charié, expliquait:
En cassant les prix sur quelques rares mais symboliques produits, les grandes surfaces se sont enrichies en ruinant les pompes à essence, les commerces de bouche, les drogueries, les quincailleries, des milliers de commerces indépendants spécialisés ou de proximité, des milliers d'artisans, et même des milliers de producteurs et fournisseurs. Les résultats sont objectivement inacceptables. Avec, en plus, des prix supérieurs à ceux de nos voisins européens!
Le site Mediapart a réalisé un reportage sur les enjeux de la spéculation foncière qui concourt à cette urbanisation. «La France consomme sa campagne bétonnée au profit d'autoroutes, d'entrepôts, de parkings de supermarchés et de lotissements. Pour le plus grand bénéfice de promoteurs qui achètent à bas prix des terrains qui leur rapportent beaucoup.» Certains organismes sont chargés de surveiller cette spéculation: les Safer, mais «leur rôle est ambigu». «Faiblement subventionnée, elles se financent par leur activité sur le marché des terres agricoles. Et se retrouvent parfois accusées de jouer le jeu des spéculations foncières».
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Image de une: Banlieue française, Nogent-Sur-Marne. Flickr. Guillaume Cattiaux.