Les réputations ont la vie dure, et celle qui fait du chat une espèce de psychopathe ne date pas d’hier. Outre la plaisanterie, on pourrait se demander ce que cela signifie de chercher à appliquer un diagnostic mental humain à des félins.
C’est ce qu’a voulu déterminer Rebecca Evans, une étudiante en psychologie diplômée de l’université de Liverpool, en menant une enquête auprès de propriétaires considérant leur animal de compagnie comme un psychopathe.
Calquer nos comportements sur ceux des chats
Dans un questionnaire, Evans demandait aux maîtres et maîtresses défiantes de décrire les comportements de leur chat, cherchant à savoir si celui-ci harcelait d’autres animaux, se montrait téméraire, se tapissait dans un coin de la maison avant de se jeter sur les membres de la famille passant par là… autant de comportements qui, finalement, sont ceux… d’un chat.
L’un des griefs les plus fréquents retenu contre les chats, est qu’ils considèrent leurs maîtres comme rien de plus qu’une source de nourriture. Pour Mikel Maria Delgado, docteure en psychologie à l’université de Californie à Davis spécialisée sur les comportements félins, nous comparons toujours implicitement les chats aux chiens, envisagés eux comme parangons de la fidélité: «nous aimons les choses auxquelles nous nous identifions. Nous aimons sourire. Nous aimons les chiens qui font ce que nous leur disons. Nous aimons le fait qu’ils nous obéissent très rapidement. Ils établissent souvent un contact visuel ».
Outre le phénomène de domestication, ces comportements sont liés à des données physiques. Alors que les chiens ont appris à imiter les humains, les chats ne disposent tout simplement pas des muscles faciaux nécessaires pour réaliser la variété d’expressions que peuvent faire les chiens ou les humains, relève Delgado.
D’une expression impassible et d’un regard fixe, nous inférons ainsi une pathologie, quand il s’agit de simples propriétés physiques. La communication des chats passe en réalité par la position de leurs oreilles et de leur queue, non de leur expression faciale, ce qui contrarie nos attentes anthropomorphiques.
Pour mieux comprendre les chats, il s’agirait donc moins d’étudier les réactions de leurs maîtres, biaisées par un cadre de représentation autocentré, que leur propre évolution dans leur environnement naturel. Evans envisage de prolonger ses recherches dans ce sens, pour permettre aux refuges pour chats de mieux cerner les comportements de leurs pensionnaires, et pouvoir par la suite mieux accorder les chats avec leurs futurs propriétaires.