Mon père, ce serial killer
Société / Culture

Mon père, ce serial killer

Temps de lecture : 14 min
Zach Schonfeld Zach Schonfeld

Une conversation avec la fille du serial killer Dennis Rader, plus connu sous le surnom de «BTK».

Un soir de février 2005, Kerri Rawson écoute sur internet un enregistrement de BTK, le serial killer. C'était un appel d'urgence datant de 1977, une bande audio glaçante où l'on entend un homme expliquer calmement à la police qu'il vient de commettre un meurtre. Saisie par l'angoisse et le dégoût, Rawson comprend que la voix en question lui est familière: «J'ai tout de suite su que c'était mon père.»

Plus tôt dans la journée, lorsqu'un agent du FBI avait frappé à sa porte pour l'informer de l'arrestation de son père, qui venait d'être identifié comme étant BTK, Rawson avait pourtant insisté: non, ce n'était pas possible, ils faisaient erreur. Elle connaissait son père, Dennis Rader. C'était un homme normal et respectueux de la loi, un employé modèle de Park City, dans le Kansas, qui était même devenu président du conseil paroissial de son quartier.

Mais les autorités ne se trompaient pas. Dans sa vie secrète de BTK –le sigle pour bind («ligoter»), torture («torturer») et kill («tuer»), le surnom malsain résumant son mode opératoire qu'il s'était lui-même donné–, Rader avait assassiné dix personnes dans la région de Wichita, entre 1974 et 1991.

L'année de la naissance de Rawson, en 1978, son père avait déjà commis sept meurtres, dont celui de toute une famille de quatre personnes –les Otero, un couple et leurs deux jeunes enfants, qui furent ses premières victimes en 1974.

Entre ses crimes, Rader courait après la gloire en envoyant des lettres absconses à la police et à la presse locale. Et c'est parce qu'il aimait narguer les forces de l'ordre qu'il sera arrêté en 2005, quatorze ans après son dernier meurtre. Il purge actuellement une peine de dix perpétuités en prison.

Pour Rawson, il y a un avant et un après le 25 février 2005. Dans son autobiographie qui vient de sortir aux États-Unis, A Serial Killer’s Daughter: My Story of Faith, Love, and Overcoming, elle raconte comment elle a lutté pour réconcilier le père avec lequel elle a grandi –un homme prévenant, gentil et dévoué à sa famille, malgré quelques sautes d'humeur terrifiantes– et l'homme assassin de femmes aux pulsions sexuelles sadiques.

Âgée aujourd'hui de 40 ans, Rawson doit combattre un syndrome de stress post-traumatique (SPT). Depuis l'arrestation de son père, elle a trouvé un certain réconfort dans la foi chrétienne.

Pendant des années, elle a fui l'attention que les médias vouaient à sa famille à cause de son père. Son livre marque autant l'aboutissement d'un travail pour réussir à prendre la parole en public que son désir de venir en aide aux victimes de traumatismes.

Dans une conversation Skype, Rawson m'a parlé de ce qu'ont généré en elle les crimes de son père. À des fins de clarté, cet entretien a été condensé et édité.

Kerri Rawson, sa mère et son père, Dennis Rader, en 1978 | Kerri Rawson

Zach Schonfeld: L'écriture de ce livre vous a-t-elle aidée à surmonter le traumatisme que vous avez subi lorsque vous avez appris la réelle identité de votre père?

Kerri Rawson: Oui, je dis souvent que cela a été comme me retirer des éclats de verre du corps. Je tombais sur ces trucs et je ne voulais pas en parler, alors j'ai dû me forcer. C'était comme me charcuter pour les extraire de moi-même –un processus que j'ai sans doute dû répéter un millier de fois. Pour moi, c'était vraiment l'enfer. Ou comme se rendre au Mordor, si vous avez vu Le Seigneur des Anneaux.

À ce que j'ai compris, vous n'avez pas été en contact avec votre père depuis l'écriture de ce livre.

Je ne lui ai pas parlé depuis plus d'un an. La dernière fois, c'était en octobre 2017. On s'écrivait régulièrement depuis que je l'ai pardonné, en 2012. Personnellement, le SPT me dévastait et mon fils était malade. Alors j'ai décidé de coupé les ponts.

Quand vous dites parler, vous voulez dire par lettres?

Oui, je n'ai fait que lui écrire. Il aurait pu m'appeler, mais pour cela, il aurait dû avoir mon numéro de téléphone, et c'est quelque chose que j'ai toujours refusé. Je n'ai jamais réussi à lui parler au téléphone ou à aller le voir en prison. C'était trop dur pour moi.

Vous pensez arriver un jour à vouloir le voir?

Je ne sais pas. C'est compliqué. Il a 73 ans et il n'est pas en bonne santé. C'est mon père et je l'aime toujours. C'est difficile de me dire que je ne le reverrai peut-être jamais. Mais le fait est que j'ai aussi eu énormément de difficultés à le revoir après son arrestation. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais la possibilité de le prendre une dernière fois dans mes bras. Si vous allez voir mon père en prison, vous êtes dans une pièce et lui dans une autre, enchaîné à une table.

Comment a-t-il réagi lorsqu'il a appris que vous écriviez un livre à ce sujet?

En 2015, lorsque l'article [un portait de Rawson dans le Wichita Eagle] est sorti, il a dit qu'il avait compris ce qu'il m'avait fait subir, ainsi qu'à ma famille, avec son arrestation. Que cela l'avait bouleversé et qu'il avait eu les larmes aux yeux en le lisant. Dans ses lettres, il n'a jamais été capable de plus d'émotion que cela. C'est le maximum que je lui connais. Ensuite, il est reparti dans ses habitudes narcissiques, à ne se focaliser que sur lui-même. Il m'a encouragée dans l'écriture de mon livre, mais il voulait aussi s'impliquer. Il voulait, en quelque sorte, que j'écrive sur son œuvre. Je lui ai dit que «non, ce n'est pas possible».

Comment voulait-il s'impliquer dans votre travail?

Je ne sais pas. C'est sa part narcissique qui veut attirer l'attention. Mais je ne voulais absolument pas travailler avec lui. C'est mon autobiographie, sur ce que j'ai vécu. Il a un [énorme] fan club –des gens qui lui écrivent, ou même qui l'appellent au téléphone. Ils impriment mes tweets ou les photos de mes enfants que je poste sur Facebook, et ils les lui envoient. Quand il a appris que le livre sortait fin janvier 2019, il m'a même demandé: «Est-ce que c'est en lien avec l'anniversaire de la tuerie des Otero?» Je lui ai répondu: «Non, la date a été choisie par mon éditeur, cela n'a rien à voir avec les meurtres que tu as commis il y a quarante-cinq ans.» Là, j'essaye de vous donner un exemple de ce que c'est de communiquer avec lui, et de vous expliquer pourquoi je ne le fais pas souvent.

Dennis Rader et Kerri Rawson lors de son mariage, en 2003 | Kerri Rawson

Le portrait que vous faites de votre père dans votre livre est complexe. À certains moments, vous le décrivez comme un homme aimant et un bon père de famille avant son arrestation. Mais vous dites également qu'il avait parfois mauvais caractère et pouvait se montrer violent. Est-ce que vous le voyez toujours comme un bon père? Comment réussissez-vous à concilier ces deux aspects?

Il était un bon père peut-être 90% à 95% du temps. On m'a souvent dit: «Toute ta vie a été un mensonge, parce que tu ne vivais pas avec l'homme que tu pensais qu'il était.» Le fait qu'il ait tué sept personnes avant ma naissance et trois après, cela en ferait automatiquement un mauvais père. Mais comme le dirait ma thérapeute, même si c'était un mensonge, c'était un mensonge auquel je croyais. J'ai eu un père qui m'a élevée; j'ai eu deux parents qui m'ont élevée.

Si vous me demandez d'essayer de concilier les deux aspects, mon cerveau explose. C'est épuisant, j'ai immédiatement envie d'aller faire une sieste. Je suis une victime de traumatisme; je souffre toujours de SPT. Si je pense que j'ai passé ma vie auprès de BTK plutôt qu'auprès de mon père, ce n'est vraiment pas bon pour moi.

Je sais qu'il a pris soin de nous, qu'il nous a aimés. Et qu'il ne jouait pas un rôle. Je n'essaye pas de défendre ce qu'a pu faire mon père, car c'est indéfendable. Mais je pense qu'il est primordial que les gens comprennent ceci: j'ai perdu mon père. Je crois que d'un point de vue criminologique, il est aussi important de montrer qu'il était un père, un mari, un collègue. En entendant que mon père est un psychopathe, vous vous dites qu'il est incapable d'émotions. C'est cela que je conteste.

Dans le livre, vous parlez effectivement de l'euthanasie de votre chien et de la peine que cela a fait à votre père. C'est difficile de comprendre qu'il a pu tuer des gens et qu'il a pourtant pleuré à la mort de son chien comme une personne normale.

Dans ce genre de moments, je suis vraiment persuadée que mon père était sincère. Il dit qu'il compartimente les choses. Que lorsqu'il était avec moi, il était Dennis. Mais que dehors, à tuer, il était BTK. Je ne sais pas ce qui fait qu'une personne est capable d'y arriver.

Dans votre livre, les lettres de votre père sont intéressantes. C'est comme si votre père regrettait de vous avoir fait souffrir, avec votre famille, mais qu'il ne regrettait pas vraiment d'avoir tué des gens et le mal qu'il a pu faire à leur famille à eux. Est-ce qu'il a déjà exprimé des remords à ce sujet?

Non. Juste après sa condamnation, dans une lettre de septembre 2005, il dit qu'il est désolé pour ses victimes et il demande à Dieu de se placer entre elles et lui. Je ne l'ai jamais vu exprimer davantage de remords. Au tribunal, à ma connaissance, il ne s'est jamais excusé. Il a même réussi à mal prononcer certains des noms de ses victimes durant la procédure.

Vous pensez qu'il est incapable de ressentir de la culpabilité pour ce qu'il a fait?

Je pense qu'il est désolé d'avoir été attrapé. C'est son poème «Vendredi noir», où il parle de son arrestation [Rader écrit parfois de la poésie dans sa cellule, ndlr]. En mars 2005, il a écrit une lettre où il dit: «Je suis en prison, je n'ai pas les bons petits plats et les pantoufles que j'avais à la maison. Je suis tout seul. Pourquoi est-ce que tu ne m'appelles pas? Pourquoi tu ne viens pas me voir?» Ce n'est pas vraiment du remords pour ce qu'il a fait à ses victimes ou à leur famille.

Le jour de son arrestation, lorsque l'agent du FBI vous dit que votre père est BTK, vous pensez au début qu'il s'agit d'une erreur. Est-ce qu'il y a un moment précis où vous avez compris ce qu'il avait fait?

Je ne sais pas si je peux isoler un moment précis. Vous êtes en état de choc, mais des bouts de réalité réussissent quand même à vous atteindre. J'étais assise là, avec l'agent du FBI, et je défendais mon père. «Ce n'est pas vrai, vous n'avez pas arrêté le bon!» Puis je me suis souvenue que ma voisine avait été tuée en 1985 et qu'à ma connaissance, le meurtre n'avait toujours pas été résolu. J'avais 6 ans. Je me souviens que cela m'a fait tellement mal que je n'ai même pas réussi à le dire à voix haute. C'est là que j'ai réalisé que mon père pouvait être le tueur.

Aujourd'hui encore, il m'arrive de vivre ma vie, de ne pas y penser et d'un coup, je me dis: «Oh, mon père est BTK.» Ça peut par exemple m'arriver quand je suis en train de corriger une page. Ça vous perce la tête et ça fait toujours un mal de chien. C'était il y a quatorze ans, mais c'est tellement dingue et irréel que j'ai toujours ce genre d'épiphanie: «Ah oui, ton père est BTK.»

Kerri Rawson et son père en 1989 | Kerri Rawson

À votre avis, est-ce que votre père savait qu'il allait finir par être arrêté?

Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'il a été arrêté un peu par hasard. Il n'avait pas communiqué [avec la police] entre 1979 et 2004, à part en 1987, lorsqu'il avait écrit à Mary Fager. Ses deux filles et son mari avaient été tués [le meurtre de la famille Fager en 1987 à Wichita demeure irrésolu, et BTK nie toute implication].

Il nie avoir commis ce meurtre.

Oui, il nie. J'en ai parlé à des inspecteurs de Wichita. Ils ont accusé quelqu'un, qui a été blanchi. Ils sont persuadés que mon père n'a rien à voir là-dedans, qu'il n'a commis que les dix [meurtres]. Mais de temps en temps, je contacte un policier, qui doit me rassurer: non, il n'en a bien fait que dix. C'est une épée de Damoclès avec laquelle je dois vivre: est-ce qu'il y en a d'autres? Parfois, je me prépare à recevoir un nouveau coup de téléphone de la presse ou de la police.

Donc vous pensez que votre père savait qu'il allait être arrêté?

En réalité, non. Il est resté discret jusqu'au trentième anniversaire du meurtre des Otero, en 2004. Il y avait des émissions spéciales [sur BTK] à la télévision. Nous savons que mon père les a regardées, et qu'il a aussi lu les journaux. On dit qu'il s'est remis à communiquer parce qu'il avait envie d'être arrêté. Mais pour moi, c'est juste qu'il s'ennuyait et qu'il voulait jouer. J'étais adulte et je ne vivais plus à la maison; mon frère était dans la marine. Je pense qu'il estimait que nous étions à l'abri de ses manigances.

Vous devez bien comprendre que l'on parle d'une personne vraiment folle et perverse. Ce n'est pas comme si vous pouviez rationnellement comprendre ce qui a pu lui traverser l'esprit ou pourquoi il a agi comme il l'a fait. Il a dit qu'il voulait prendre sa «retraite» en tant que BTK, numériser tous ses carnets et ses classeurs et ranger le tout dans un coffre-fort.

Vous pensez qu'il prévoyait encore de tuer?

Ouais. En 2016, à la sortie du livre de Katherine Ramsland [qui lui est consacré], le Wichita Eagle a sorti un article disant que mon père prévoyait de tuer une onzième femme, à un moment en octobre 2004. Selon mon père, il était effectivement allé chez elle pour la tuer, mais il a renoncé en voyant qu'il y avait des réparateurs dans la maison –googlez «onzième victime de BTK», et vous verrez. J'étais assez surprise, parce que je n'en avais jamais entendu parlé avant 2016.

Mon père est le roi des bobards: avec lui, il est difficile de séparer la vérité du mensonge. Mais je sais que c'est ce que la police a pensé, et qu'elle a même parlé avec la personne que mon père surveillait et voulait tuer. Dans le livre de Ramsland, mon père explique qu'il voulait la tuer et puis partir camper avec sa famille. Il n'a pas commis le meurtre, il est juste allé camper –j'ai même une photo de lui pendant cette sortie. Ce n'est qu'en 2016 que j'ai su qu'il prévoyait de tuer quelqu'un ce jour-là.

Comment votre appréhension du SPT a-t-elle changé depuis l'arrestation de votre père?

Il m'a fallu deux ans pour comprendre que je souffrais de stress post-traumatique. Ou que j'étais une victime de traumatisme. Ou que j'avais été témoin de violences physiques au sein de ma famille. Je ne savais pas que ces termes pouvaient s'appliquer à moi. Je repensais tout le temps au moment où l'agent du FBI était assis à côté de moi: ça s'est figé dans ma tête, en boucle.

Ce n'est lorsque ma thérapeute m'a dit: «C'est du stress post-traumatique et vous êtes une victime de traumatisme» et que je lui ai demandé: «Mais comment est-ce que je peux être une victime de traumatisme alors qu'il ne m'est rien arrivé?» que j'ai commencé à comprendre. Parce qu'elle m'a expliqué: «Tout ce qu'on vous a dit ce jour-là, sur ce que votre père avait fait, ce sont des informations traumatiques. Vous avez été traumatisée de l'apprendre».

Dennis Rader à son arrivée au centre de détention d'El Dorado, au Kansas, le 19 août 2005 | Larry W. Smith / Pool / AFP

Vous avez parlé des gens malades qui idolâtrent votre père. Est-ce vous êtes harcelée sur les réseaux sociaux?

On me trolle. C'est un mélange de provoc' et de gens qui disent qu'ils veulent me tuer. En juin 2018, quelqu'un a pris une photo de moi et de mon père en train de pêcher, en a fait une carte et me l'a envoyée sur Twitter en me disant: «Joyeuse fête des pères!» Toutes les semaines, on me demande: «Mais comment tu as fait pour ne rien savoir?» Ou alors, on me dit: «Tu n'es pas une victime. Tu n'as pas le droit de parler de ton histoire.»

Est-ce vos enfants sont assez mûrs pour comprendre qui est votre père?

Quand ma fille avait 5 ans –elle en a aujourd'hui 10–, elle demandait: «Où est mon autre grand-père?». Je lui répondais: «J'ai un papa, il s'appelle Dennis et il est en prison.» Elle ne savait même pas ce qu'était la prison. Alors j'essayais de lui expliquer que «c'est comme aller au coin, mais pendant très longtemps». Elle continuait: «Et quand va-t-il sortir?» «Eh bien, jamais.» Aujourd'hui, mes enfants sont plus vieux et ils m'ont vue écrire sur ma vie des années durant; ils ont aussi vu des photos de lui.

Est-ce qu'ils savent pourquoi il est prison?

Aujourd'hui, ils savent qu'il a fait des choses mauvaises, mais pas quoi exactement. L'an dernier, ils m'ont poussé à bout en me demandant: «Mais qu'est-ce qu'il a fait, en vrai?» Et j'ai lâché: «Il a fait du mal à des gens.» Je n'en ai pas dit davantage.

Pendant des années, quand on demandait à notre fille: «C'est quoi le pire truc que quelqu'un peut faire?», elle répondait: «Être un cambrioleur.» On a compris qu'elle n'était pas encore prête. On essaye de la protéger... Mais je n'ai pas non plus envie que mes enfants arrivent à l'adolescence et découvrent la vérité sur leur grand-père en tapant le nom de leur mère sur Google. J'essaye de leur dire les choses petit à petit, à leur rythme, sans que cela ne leur fasse du mal.

En lisant le livre, je me suis demandé comment votre mère avait vécu tout cela. Est-ce qu'elle s'en est sortie comme vous ou différemment?

En réalité, elle a fait comme si mon père était mort le jour de son arrestation. C'est sa manière à elle de gérer, de se dire: «Il n'existe plus, il est mort.» Elle lui a écrit avant le tribunal, plus jamais ensuite. Je sais qu'elle a commencé une thérapie à peu près en même temps que moi. À ma connaissance, elle souffre de SPT à cause de ce qui s'est passé au moment de son arrestation.

Est-ce que vous pensez parfois à ce que votre vie aurait pu être si votre père n'avait pas été arrêté?

Ce serait une vie complètement privée, n'est-ce pas? Oui, je donnerais tout pour qu'on me rende mon père et que rien de tout cela ne soit arrivé.

Est-ce que vous auriez voulu ne jamais savoir? Que son secret ne soit jamais révélé?

Pour les familles des victimes, il devait être arrêté. Il aurait dû être arrêté [en 1974], juste après le meurtre des Otero. Honnêtement, je pense qu'il aurait dû se faire hospitaliser dans un établissement psychiatrique avant cette tuerie. Et c'est aussi quelque chose que je dois avaler: si les choses s'étaient bien passées, je ne serais pas née. S'il s'était rendu à la police en disant: «Je suis capable de faire ça», ou s'il avait été arrêté après son premier crime, je ne serais pas là.

Mais je ne pense pas pouvoir répondre à cette question en sachant depuis quatorze ans qui il est et ce qu'il a fait. C'est tout bonnement impossible d'annuler ces quatorze dernières années et de dire: «Je préférerais ne pas savoir.» Que se passera-t-il si, à sa mort, on découvre quelque chose dans un coffre-fort? Pour les familles, je suis heureuse qu'il ait été arrêté. Elles ont obtenu des réponses et justice. Et mon père a sa place en prison. Il aurait dû l'être depuis 1974.

Avez-vous été en contact avec ces familles [des victimes de Rader]?

Non. Personne dans ma famille n'a été capable d'aller au tribunal et d'assister à sa condamnation. Les gens n'arrêtent pas de me demander: «Mais tu n'as pas envie de rencontrer les familles?» Pour moi, c'est vraiment impossible et inimaginable. Cela me dévasterait de les rencontrer, en sachant que c'est à cause de mon père qu'il leur manque quelqu'un et qu'elles souffrent autant.

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