Les scientifiques pensaient que notre affection pour certaines musiques était enracinée dans notre cerveau. Mais une nouvelle étude suggère que nos goûts musicaux seraient plutôt liés à nos origines culturelles. La préférence pour les consonances (unions de notes harmoniques, contraire à la dissonance) varierait suivant les pays; les cultures occidentales, notamment, en seraient fans.
Pour son travail de recherche, Josh McDermott, professeur adjoint des sciences cognitives au Massachusetts Institute of Technology et auteur principal de l’étude, s’est rendu au fin fond de l’Amazonie, avec ses collègues –précisément à Tsimane, dans le nord-ouest de la Bolivie. Cent participantes et participants ont évalué l’agréabilité de genres musicaux: premièrement des consonances, puis des dissonances. Le même test a ensuite été effectué auprès de personnes occidentales.
Résultat: à Tsimane, on a apprécié les deux types de musique au même niveau. Le public occidental, lui, n’a pas aimé les sonorités dissonantes: ces dernières leur procureraient une sensation de tension, alors que les consonances sont perçues comme harmonieuses et plus optimistes.
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Manières d'entendre le monde
Sandra Trehub, professeure en psychologie à l'Université de Toronto à Mississauga (qui n'a pas participé à l’étude), explique que ces découvertes nous offrent une meilleure compréhension de nos choix musicaux. Elle précise à CNN que «si nous avions une préférence innée pour la consonance, les gens de nombreuses cultures –par exemple, les musiciens balinais qui accordent des paires d'instruments pour générer une dissonance et les chanteurs traditionnels de ganga croate qui chantent des mélodies séparées d'un demi-ton dans leurs duos– devraient surmonter un dédain inné pour la dissonance».
Josh McDermott souligne au média américain l’importance des recherches sur le sujet: «Nous devons accepter et documenter les différentes manières dont les autres cultures entendent le monde, a-t-il déclaré. Les possibilités de le faire diminuent rapidement avec la diffusion de musique occidentale dans le monde entier. Je pense que nous devons saisir cette occasion pour faire tout ce qui est en notre pouvoir avant que la fenêtre ne se ferme.»