Peppa Pig est un dessin animé qui raconte les aventures d’une petite truie, entourée de sa Maman Cochon, de son Papa Cochon et de George, son frère. La série pour enfants est un succès: elle a remporté en 2005, dans la catégorie «Meilleure animation préscolaire», un British Academy Television Award. Jusque-là rien d’anormal.
Sauf que le triomphe de Peppa Pig aux États-Unis est d’une telle ampleur que les enfants adoptent les mimiques de la famille Cochon. Les personnages ont un accent britannique bien prononcé, et grognent à chaque fin de phrase. «Ma fille m’appelle “Mummy”, et grouine comme Peppa dès qu’elle a fini de parler», confie Danielle Cooper, une maman originaire de Virginie, au Romper.
La fille de Danielle, âgée de 2 ans, n’est pas la seule à s’être «peppatisée» après avoir visionné le cartoon. Plusieurs parents américains racontent ainsi que leurs enfants ont développé un accent britannique, sortant des «baked beans boom!» (une expression de la série), et grognant après une prise de parole. Cocasse.
Un mimétisme dans l'ordre des choses
La copie de l’élocution et de la gestuelle de la famille Cochon n’a cependant rien de nouveau. Depuis 2011, des tweets de parents témoignent des sorties incongrues de leur progéniture: «Ce moment où tu réalises que ton enfant a un accent britannique à force de trop regarder Peppa Pig» ou encore «Mon cousin de 3 ans a un accent britannique à force de regarder Peppa Pig et je suis jalouse».
When your child says “Mummy” in an English accent, you may be watching too much Peppa Pig.
— Jessie van Rijn (@JessieRelephant) 7 janvier 2019
Les observations anecdotiques de ces parents sont dans l’ordre des choses. Si les enfants parlent de manière fluide aussi bien l’anglais américain que «l’anglais Peppa», c’est qu’ils ne réalisent pas encore que les deux sont différents. Une étude de la British Psychological Society a montré que les enfants de 5 à 6 ans n’étaient pas en mesure de distinguer les divers accents d'une même langue.
Les parents ne sont pas touchés par le phénomène: «Les adultes ont moins de neuroplasticité pour adopter un accent», explique Roberto Rey Agudo, directeur du programme linguistique du département d'espagnol et de portugais de Dartmouth College. Et heureusement, car si les adultes se mettent à discuter dans la rue en parlant comme Pablo Escobar après un week-end devant Narcos, pas certain que ce soit aussi mignon.