Représentantes officielles de municipalités, de sociétés et même des services gouvernementaux pour qui elles sont, grâce au merchandising et autres licences, d’énormes mannes financières, les mascottes (ou «yuru-chara») font l’objet depuis quelques années d’une véritable obsession au Japon.
Créé en 2010 par la préfecture de Kumamoto pour promouvoir sa région, Kumamon, un sympathique ours noir aux joues rouges, est par exemple suivi sur Twitter par plus de 800.000 personnes qui, tous les jours, peuvent suivre ses aventures et son très palpable humour.
Mais, comme le rappelle le New York Times, avec ce succès est arrivé le phénomène des mascottes non officielles. Si la plupart sont bien inoffensives à l’image de Funyassi, devenue une véritable attraction touristique pour Funabashi, une petite ville de la banlieue de Tokyo, d’autres, au contraire, ne s’avèrent pas aussi mignonnes que leur bouille souriante le laisse supposer.
Chiitan, une mascotte loutre ressemblant presque trait pour trait à Shinjokun, la mascotte officielle de la ville de Susaki, sème en effet la terreur depuis quelques mois au Japon. Seule moyen de les différencier, leur chapeau: Shinjokun, basé sur une loutre en voie d'extinction de la région, a un bol de nouilles sur la tête quand sa version maléfique a une tortue rose. Selon le Times, la mairie de Susaki aurait donc déjà reçu «plus de cent appels de tout le Japon» se plaignant du comportement de Chiitan.
Chiitan, qui n’aime rien tant que se faire mal et provoquer le chaos autour d’elle, a ainsi récemment joué avec une tondeuse électrique, a retourné une voiture et, pire, s’est armée d’une batte de baseball en ajoutant le commentaire «Chiitan va venir faire un petit tour chez vous».
Un problème majeur pour la mairie de Susaki qui craint que le goût de la provocation et du chaos de Chiitan, déjà suivie par près de 900.000 personnes sur Twitter, ne fasse de l’ombre à Shinjokun dont les aventures beaucoup moins mouvementées et risquées, ont permis, en 2018, de récolter près de onze millions de dollars de fonds pour la ville. Elle aurait donc commencé à consulter un avocat de peur que la société possédant les droits d’exploitation de Chiitan ne récolte de l’argent qui aurait autrement été dans les coffres de la mairie.