En entrant dans une pièce, certaines personnes mettent les autres à l'aise, quand d'autres vont engendrer de la crispation. Des scientifiques soutiennent l'idée que cette perception est une composante de la personnalité qui peut être mesurée.
Ce concept, baptisé «présence affective», a été défini pour la première fois dans une étude de Noah Eisenkraft et Hillary Anger Elfenbein, il y a presque dix ans. L'expérience consistait à former des groupes d'étudiantes et d'étudiants d'une école de commerce, les inscrire aux mêmes cours et les faire travailler sur les mêmes projets de groupe pendant un semestre. Ensuite, les membres de chaque groupe devaient noter, à propos de chaque camarade, ce qu'ils ressentaient sur un panel de huit émotions: stress, ennui, colère, tristesse, calme, décontraction, joie et enthousiasme.
L'équipe a remarqué qu'une part importante de leurs émotions était imputable à la «présence affective». Il semblerait que «notre manière d'agir possède une signature émotionnelle», affirme Elfenbein, une professeure de commerce à l'université Washington, à Saint-Louis.
Présence et intelligence
Si les émotions sont contagieuses, la «présence affective» est différente. Elle se manifeste indépendamment de l'état émotionnel du moment, peu importe que la personne soit triste ou joyeuse. «Pour parler simplement, certaines personnes sont juste agaçantes. Cela ne veut pas dire qu'elles sont tout le temps de mauvaise humeur», précise Elfenbein.
La raison exacte qui façonne cette présence reste encore à être étudiée, mais certaines explications sont avancées, comme le langage corporel, le ton de la voix ou la capacité d'écoute. Mais la plus plausible reste la manière dont le sujet contrôle ses émotions et celles des autres.
La professeure note qu'une «présence affective» positive n'est pas forcément bonne, les psychopathes sont notoirement charmants pour manipuler les gens. À l'inverse, une présence négative peut être utile, par exemple pour un ou une coach sportive qui doit réprimander ses joueurs ou joueuses à la mi-temps d'un match. Elfenbein suppose que la «présence affective» est étroitement liée à l'intelligence émotionnelle.
Pour conclure, elle ajoute que «vous pouvez utiliser votre intelligence pour guérir le cancer, mais vous pouvez aussi l'utiliser pour devenir un génie du crime».