Sciences

L'inactivation d'un seul gène pourrait sauver la vie de milliers de femmes

Temps de lecture : 2 min

Une nouvelle stratégie thérapeutique contre la pré-éclampsie vient d'être testée avec succès chez des babouins.

 Tomber enceinte ne devrait pas être l'une des expériences féminines les plus dangereuses  | joeduty via Flickr CC License by

La pré-éclampsie est l'une des maladies de la grossesse les plus courantes et les plus dangereuses. Due à un dysfonctionnement du placenta qui «compense» en augmentant la pression artérielle via la sécrétion de protéines dans le sang, elle représente la deuxième cause de décès maternel en France. Touchant environ 40.000 femmes enceintes par an (5% des grossesses, dont 10% de formes graves), la pré-éclampsie est aussi une cause majeure de retard de croissance intra-utérin et provoque un tiers des naissances de grands prématurés. Dans 70 à 75% des cas, la pré-éclampsie survient lors d'une première grossesse et ses risques sont aussi plus élevés quand le fœtus est de sexe masculin. Dans le monde, pour environ dix millions de femmes enceintes touchées par la pré-éclampsie chaque année, 76.000 en meurent et 500.000 bébés ne voient jamais le jour.

Si l'étiologie de la pré-éclampsie est de mieux en mieux comprise depuis une petite vingtaine d'années, les médicaments tardent à arriver sur le marché. Entre autres, comme le signale le New Scientist, parce que les laboratoires pharmaceutiques craignent des effets secondaires graves comme des malformations fœtales. Une nouvelle stratégie thérapeutique ciblant l'activité génétique d'une protéine placentaire connue pour intervenir dans la pré-éclampsie, le facteur FLT1, pourrait permettre à la fois de diminuer ces risques et de sauver la vie de milliers de femmes.

En l'espèce, une équipe dirigée par Melissa Moore, de l'université du Massachusetts, a testé l'inactivation de FLT1 sur des femelles babouins en pré-éclampsie en ayant recours à des petits ARN interférents. Sur neuf de ces modèles animaux, trois ont été traités de la sorte. Deux semaines plus tard, les placentas de ces babouins secrétaient moins de FLT, leur tension artérielle était significativement plus basse et leurs reins en bien meilleure forme par rapport à leurs six congénères constituant le groupe de contrôle.

Reste que cette stratégie thérapeutique doit encore être affinée avant d'être appliquée aux humaines, car si les bébés babouins des femelles traitées par ARN semblaient en bonne santé à la naissance, leur poids était cependant inférieur à la normale.

«Ces résultats sont très exaltants, commente Moore, mais nous n'en sommes qu'à la moitié du chemin. Nos travaux ne seront achevés que lorsque nous pourrons les traduire en thérapie pour les femmes. Tomber enceinte ne devrait pas être l'une des expériences les plus dangereuses dans leur vie.»

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