Dans un texte publié vendredi 5 février sur Internet, l'écrivain et réalisateur Yann Moix accuse Facebook de censure. Sa page sur le réseau social aux «3.300 amis» a été supprimée à la suite de la publication d'un texte très polémique intitulé «J'aime Polanski et je hais la Suisse». Un buzz inespéré pour son nouveau livre La Meute consacré à l'affaire Polanski, d'autant que la page, après quelques jours de suspension, est de nouveau en ligne.
Yann Moix, qui comme d'habitude en fait des tonnes, estime que «Facebook prive un écrivain, un artiste, de parole, de moyen d’expression, de vitrine, au profit de la Meute hurlante, nombreuse, haineuse, dégueulasse». Il relève que des groupes Facebook l'insultant (par exemple ici) sont eux encore en ligne et conclut son brûlot de cette phrase définitive :
Sur Facebook, “Yann Moix la Suisse t’encule” n’est pas une insulte. En revanche, “Yann Moix” tout court est une insulte. Et la pire au monde.
Mais comment Facebook pourrait-il censurer un écrivain ? La réponse est donnée par 01Net qui explique qu'il ne s'agit pas de censure mais d'un «mécanisme bêtement automatisé»: un grand nombre de personnes ont effectué un signalement sur sa page, ce qui a bloqué temporairement son compte.
Un formulaire existe pour retrouver sa page après des abus de ce genre. La même mésaventure était arrivée à Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, quand il était arrivé sur Twitter et avait subi une cabale des utilisateurs. Après un coup de téléphone de son ami Loïc Le Meur à la direction de Twitter, son compte avait été rétabli.
Vengeance des Suisses sur Facebook
À l'origine de toute cette histoire, un texte de Yann Moix sur la Suisse qui n'est plus en ligne à la demande de l'auteur. Magie de l'Internet, on peut néanmoins le retrouver ici. La version longue de ce texte paraîtra dans le livre La Meute prévue le 24 février. Yann Moix ne prend vraiment pas de gants pour dénoncer le pays helvète et pousse très loin l'anthropomorphisme :
La Suisse ne se donne même pas, comme le feraient des salopes ordinaires: la Suisse se prête au plus fort. Elle prête sa soumission. C'est une pute. Elle ne se donne jamais mais se prête toujours. Elle se prête avec intérêt. Elle se loue. Elle se sous-loue. Elle fait des offres. Elle écarte les jambes quand viennent à passer un officier nazi, ou une très grande puissance comme, par exemple, aujourd'hui, nos amis les Etats-Unis.
Le texte a déclenché une vive polémique en Suisse, qui n'a pas été atténuée par l'interview qu'a ensuite accordé Yann Moix au quotidien Le Matin: «Les Suisses sont des mous salauds», déclare-t-il. Son livre s'annonce prometteur: «Ce que j'écris dans ce texte [sur Internet] ne représente qu'un millième de ce que je dis sur la Suisse dans mon livre», prend-il soin de préciser. On comprend mieux que les Suisses se soient vengés sur sa page Facebook.
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