Selon une étude du Centre pour l'égalité de la santé et la promotion de la recherche, en Pennsylvanie, les patients afro-américains atteints de fibrillation atriale, un trouble du rythme cardiaque, ont moins de chance que les autres de recevoir les médicaments adéquats. Des scientifiques sont parvenus à cette conclusion en suivant 12.000 malades atteints de fibrillation atriale, parfois appelée fibrillation auriculaire ou simplement FA, entre 2013 et 2016.
Sur les 12.000, 11.100 sujets étaient identifiés en tant que blancs, 646 en tant que noirs et 671 en tant qu’hispaniques. Une fois les données réajustées en fonction de facteurs socio-économiques, comme le niveau de vie, l’éducation, ou le type d’assurance, les patients afro-américains avaient 25% moins de chance de se faire prescrire des anticoagulants que les hispaniques et les blancs, et 37% de moins de chance de se faire prescrire les anti-coagulants les plus récents.
Or, pour le docteur Utibe Essien, de l’université de médecine de Pittsburg, qui a dirigé l’étude, les nouveaux médicaments sont plus efficaces, notamment grâce à une plus grande facilité d’utilisation: avec les traitements plus anciens, les malades doivent faire tester leur sang à intervalle régulier afin de pouvoir ajuster la dose.
Meilleur moyen d'empêcher les arrêts cardiaques
«Nous avons des dizaines d’années de données qui prouvent que les anticoagulant sont la meilleure manière de se prémunir contre une attaque cardiaque», explique le docteur Essien, ajoutant que les patients noirs sont exposés à un risque d’attaque plus élevé.
Cette étude permet «enfin reconnaître l'influence perverse des préjugés inconscients», a déclaré Clyde Yancy, chef du service cardiologie de Northwestern Medicine à Chicago, qui a rédigé un éditorial accompagnant l'étude. «Nous devons en être conscients et mettre en place des stratégies qui nous permettent de reconnaître que c'est un facteur déterminant dans la prise de décision et de voir comment nous pouvons le surmonter.»
Pour le docteur James, Glazier, un cardiologue de la Wayne State University interrogé par NBC News, pour tenter de résorber cette inégalité qui frappe la population afro-américaine, il faudrait plus de cardiologues noirs: «12,4% de la population est afro-descendante, et seul 1% des cardiologues s’identifie comme noir. […] On peut donc faire des choses très concrètes. On peut par exemple essayer de faire accéder plus de minorités non-représentées dans les écoles de médecine».