L’être humain a-t-il trouvé son égal dans la manipulation? Jusque-là, chez les animaux, les relations sociales étaient surtout tournées vers l’entraide. Les loups et les dauphins, par exemple, font une sorte de chasse coopérative où ils travaillent ensemble pour attraper leurs proies. Des espèces d’oiseaux, de singes ou de rongeurs émettent, eux, des signaux d'alarme pour alerter les autres membres d'un groupe d’une menace.
Il n’y a guère que les poulets mâles qui sont trompeurs, en lançant un faux appel alimentaire à des poules femelles en guise de leurre pour le sexe. Mais il existe très peu d’exemples où les animaux utilisent leurs pairs comme moyen d’atteindre leur objectif. Jusqu’à récemment tout du moins. Une équipe de chercheurs des universités de Saint Andrews, de Leipzig et de l’institut Max-Planck de psycholinguistique ont découvert des comportements machiavéliques chez les chimpanzés, raconte Gizmodo.
Les scientifiques ont présenté à un groupe de chimpanzés une fontaine à jus de fruits. Sauf que pour libérer le jus, il fallait appuyer sur des boutons situés à trois mètres. Un seul chimpanzé ne pouvait appuyer sur les boutons et étancher sa soif en même temps. Il fallait donc coopérer. Sauf qu’un chimpanzé adulte mâle a changé la nature de l’étude par son comportement.
En effet, ce singe de 24 ans, nommé Bobby, a rapidement compris le concept et a utilisé trois membres plus jeunes du groupe. Il les a fait appuyer sur les boutons pendant que lui récoltait le jus de fruit. Mais il n’a rendu la pareille à aucun moment. Ce qui a étonné les chercheurs, c’est qu’il a réussi à garder les autres singes sous son contrôle alors qu’ils auraient pu s’échapper. Et lorsqu’ils en avaient assez, Bobby avait recours à un comportement «stéréotypé» de mendicité des chimpanzés, qui consistait à souffler des framboises tout en tendant les bras. Au final, ce mâle adulte isolé a utilisé d’autres chimpanzés plus de cent fois pour accéder au jus.
«C’est vraiment intéressant de noter que les animaux utilisent les autres à plusieurs reprises pour leur bénéfice, a indiqué un des chercheurs. Nous savons que les humains le font, mais nous n'étions pas sûrs que d'autres animaux puissent le faire. En particulier, pour manipuler ou utiliser d'autres personnes de manière répétée, l'acteur doit s'assurer que les gens ne l'évitent pas, afin qu'il puisse les utiliser ou les manipuler de manière répétée. Une compétence qui est importante par exemple dans de nombreuses situations politiques». Attendez-vous bientôt à des slogans «Make Chimpanzés Great Again».