L'État du Queensland, où l'avortement n'est légal que depuis octobre 2018, est l'un des plus conservateurs d'Australie. Un de ses représentants au Parlement, le sénateur Barry O'Sullivan, vit assez mal la légalisation de l'IVG. Il a récemment proposé une loi qui interdirait aux militants pro-avortement d'organiser des manifestations lors de la Journée mondiale de l'enfant à naître, une journée instaurée par Jean-Paul II.
Entre sexisme et transphobie
Cette proposition n'a pas obtenu la majorité, mais pendant les débats, une sénatrice du parti des Verts a imploré O'Sullivan de «retirer ses rosaires d[es] ovaires» des femmes du Queensland, qui «ont le droit de prendre des décisions sur leurs corps sans avoir à se conformer aux opinions du sénateur O'Sullivan».
Le sénateur n'a pas apprécié et deux jours plus tard, il a fait un petit discours au parlement:
«Je vais déclarer mon genre aujourd'hui, comme j'ai le droit de le faire: je suis une femme et vous ne pourrez alors plus m'attaquer.»
Avec cette déclaration, O'Sullivan se moque donc des personnes transgenres, et suggère que les défenseurs du droit à l'avortement s'attaquent à lui principalement parce que c'est un homme. Dans son discours, il critique les IVG pratiquées après 24 semaines, sans préciser qu'elles ne représentent que 0,7 % des avortements en Australie.
Pour la sénatrice des Verts Mehreen Faruqui, la rhétorique d'O'Sullivan «stigmatise les femmes, se moque des personnes trans» et évoque «l'âge de pierre».
Certains Australiens ont pris cette déclaration d'identité de genre au sérieux:
«Si Barry O'Sullivan veut utiliser des pronoms féminins, rappelons-lui ce choix jusqu'à la fin de sa vie. Elle ne sera pas fâchée. C'est ce qu'elle veut.»