Les arbres ne produisent de fruits à coque qu’une fois par an, pendant l’automne. Si les écureuils qui vivent dans les arbres (écureuils fauves, écureuils gris et écureuils roux) se nourrissent aussi de champignons et de petits insectes, les fruits à coques sont tout de même leur principale source de nutriments. Puisqu’ils n’hibernent pas, ils doivent donc passer leur automne à constituer un stock suffisant pour tenir pendant toute la saison. L’organisation de ce stock leur demande tellement de réflexion qu'elle pourrait être à l'origine d'un accroissement de la taille de leur cerveau.
Des scientifiques du laboratoire interdisciplinaire Jacob, spécialisé dans la biologie cognitive, ont étudié les écureuils pour un documentaire à paraître. Ils ont porté une attention particulière à la manière dont ces animaux organisent leurs stockage de nourriture.
Certaines espèces, comme l’écureuil roux, mettent toutes leurs provisions au même endroit puis défendent leur territoire. D’autres, comme les écureuils gris et fauves préfèrent répartir leur collecte un peu partout.
Ce mode de stockage réparti n’est pas laissé au hasard. Les animaux ont des techniques très complexes pour sélectionner et cacher leurs provisions. Tout d’abord, chaque noix est soupesée, observée et agitée afin de s’assurer qu’elle ne contient pas d’insectes, que sa coquille est intacte et qu’elle est encore fraîche. Si tout va bien, elle est enterrée.
Carte mentale
Le processus ne s’arrête pas là. Les noix ne sont pas enterrées n’importe où. «[Les écureuils] font une sorte de catégorisation spatiale, ils ont tendance à mettre les noix dans une zone, les noisettes dans une autre et les amandes dans une troisième», explique la scientifique Lucia Jacobs.
Si ce n’est qu’une théorie, Jacobs estime que les écureuils font une «carte mentale» de là où leur nourriture est cachée afin de pouvoir la retrouver ensuite –ce qui est primordial l’hiver, notamment quand il neige. Les écureuils sont très exposés aux rapaces sur un terrain tout blanc et ils doivent faire l’aller-retour entre les cachettes et leur arbre le plus vite possible.
Cette intense activité cérébrale pourrait expliquer des mesures effectuées par Jacobs. En effet, la scientifique a constaté que les cerveaux d’écureuils changent de taille durant l’année et grossissent pendant l’hiver.