Pour un pays industrialisé, les États-Unis font figure de très mauvais élève en matière de mortalité maternelle et infantile. Et, chaque année, ce sont des dizaines de milliers de femmes qui donnent la vie en manquant la perdre. Ces cas de «morbidité maternelle grave», comme les appellent les scientifiques, nous renseignent sur les femmes les plus à risque de ne pas survivre à leur accouchement s'il n'était pas médicalisé.
Pour des chercheurs de l'université du Michigan qui viennent de publier une étude portant sur 40.873 femmes ayant failli mourir en accouchant parmi les 2,5 millions de naissances à risque que les États-Unis ont connu entre 2012 et 2015 –sur un total d'environ 13,5 millions de naissances– deux facteurs sont à surveiller en priorité: l'origine ethnique de la mère et son état de santé général.
En tout, 1,6% des femmes à avoir accouché sur la période ont failli ne pas en sortir vivantes. Mais à état de santé égal, les femmes non-blanches sont davantage menacées. Le fossé le plus important concerne les femmes noires non-hispaniques: par rapport aux blanches non-hispaniques, elles ont 70% de risque supplémentaire de frôler la mort en accouchant. Des femmes qui auraient été pour la grande majorité condamnées si elles n'avaient pas été hospitalisées et n'avaient pas reçu des soins d'urgence comme une transfusion sanguine.
En outre, quelle que soit leur origine ethnique, les femmes souffrant d'asthme, de diabète, de dépression ou encore de toxicomanie avant leur grossesse présentent le plus gros risque de «morbidité maternelle grave». Et les femmes de couleur ou hispaniques cumulant au moins deux de ces troubles voient leur risque doubler voire tripler.
«L'un dans l'autre, nos observations montrent que les femmes de couleur sont une population à risque pour chacun des problèmes examinés et pouvant survenir durant l'accouchement ou immédiatement après», explique Lindsay Admon, obstétricienne et auteur principal de l'étude. «Les femmes de couleur souffrant de plusieurs problèmes de santé avant d'avoir leur bébé sont confrontées à une “double peine” qui devrait nous obliger à repenser notre structure de soins pour qu'elle bénéficie au mieux à ces femmes les plus vulnérables, et pas seulement durant leur grossesse, mais aussi avant et après».
Par exemple, Admon propose de cibler en priorité les établissements de santé prenant en charge des proportions élevées de femmes de couleur. La scientifique espère également mener davantage de recherches sur la santé à long terme des nouvelles mères, au-delà de leur hospitalisation initiale, pour mieux comprendre les tendances de telles urgences sanitaires. Et, comme de juste, les voir diminuer.