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Aux États-Unis, la liberté religieuse pourrait faire du mal aux LGBT+

Temps de lecture : 2 min

Après le passage d'une loi permettant aux commerçants d'évoquer des «raisons religieuses» pour ne pas les servir, les minorités sexuelles d'Indiana se disent en moins bonne santé physique et mentale qu'avant.

Jésus pas très sauveur | AndGeorgeMakes4 Studios via Flickr CC License by
Jésus pas très sauveur | AndGeorgeMakes4 Studios via Flickr CC License by

En juin dernier, la Cour suprême américaine tranchait l'affaire du pâtissier hostile au mariage gay qui, en 2012, avait refusé de faire un gâteau pour un couple d'hommes, Charlie Craig et David Mullins. Fervent chrétien évangélique, Jack Phillips, installé à Denver (Colorado), avait argué que la liberté d'expression et la liberté religieuse lui en donnaient le droit. Si la Cour suprême n'a retenu que la liberté religieuse, cette décision pourrait détériorer la santé des minorités sexuelles dans tout le pays.

C'est en tout cas ce que laisse entendre une étude menée notamment par des chercheurs de l'université de Pittsburgh: dans les États où la liberté religieuse est particulièrement respectée d'un point de vue législatif, les personnes s'identifiant comme gays, lesbiennes, bisexuelles ou incertaines de leur orientation déclarent être en moins bonne santé que les hétérosexuels.

Augmentation du nombre de jours «en mauvaise santé»

En l'espèce, l'étude montre que le passage de la Religious Freedom Restoration Act en Indiana en 2015 –une loi permettant entre autres aux commerçants d'invoquer des raisons religieuses pour ne pas servir telle ou telle personne– s'est soldé par une détérioration significative de la santé physique et mentale des minorités sexuelles vivant dans l’État. Un changement mesuré par une augmentation du nombre de jours «en mauvaise santé» que plus de 5.000 personnes ont consignés en 2015 dans le cadre d'une grande enquête des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.

Les chercheurs insistent bien sur le fait que leur étude ne permet d'établir qu'une corrélation, sans forcément de rapport de causalité, mais ils font cependant part de leur préoccupation.

«Si nous ne pouvons pas dire avec certitude ce qui a causé cette hausse significative des jours en mauvaise santé pour les personnes appartenant à des minorités sexuelles en Indiana, ce changement a coïncidé avec un débat public intense autour de l'adoption de la loi», précise John R. Blosnich, auteur principal de l'étude. De fait, sur les vingt-et-un États étudiés par son équipe, c'est seulement dans l'Indiana que les minorités sexuelles font part d'une dégradation de leur santé sur la période concernée. Pour le premier trimestre de l'année –soit avant le démarrage des débats–, les minorités sexuelles étaient 24,5% à estimer que leur santé avait été médiocre pendant quatorze jours ou plus du mois précédant le sondage. Lors du dernier trimestre –après le passage de la loi–, ce chiffre allait monter à 59,5%.

«À l'échelle de l’État, s'il y avait un autre facteur à l’œuvre, nous aurions dû observer la même hausse (…) chez les personnes hétérosexuelles et cela n'a pas été le cas», ajoute Blosnich. «S'il y avait eu un facteur régional ou saisonnier, nous aurions dû observer la même augmentation (…) dans les États voisins de l'Ohio et de l'Illinois, et cela n'a pas été le cas non plus».

Une étude cohérente avec d'autres travaux montrant que les minorités sexuelles ont davantage de problèmes de santé mentale, notamment de dépression et d'anxiété, que les hétérosexuels et que ces différences sont largement imputables à la discrimination, au harcèlement et à la stigmatisation qu'elles subissent. Ces personnes sont également exposées à un risque d'idées et de comportements suicidaires bien plus élevé.

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