Cet article est publié en partenariat avec Quora, plate-forme sur laquelle les internautes peuvent poser des questions et où d'autres, spécialistes du sujet, leur répondent.
La question du jour: «Combien d’insectes et d’araignées mangeons-nous malgré nous en moyenne?»
La réponse de Matan Shelomi, entomologiste:
Pour ce qui est des créatures qui se glissent dans votre bouche pendant votre sommeil… aucune, sans doute. Les insectes ne sont pas stupides, du moins pas à ce point. Ils n’ont aucune envie de s’immiscer dans cette grotte chaude, humide et productrice de CO2 –qui est à l’évidence l’entrée d’un gigantesque être vivant. Il est certes des insectes, comme les cafards, qui se glissent dans nos oreilles et s’y retrouvent coincés –mais ces cas sont rarissimes. On entend parfois dire que nous avalons un certain nombre d’araignées (toutes les nuits, tous les ans, tant de fois dans une vie…), mais ce n’est là qu'une légende urbaine.
Quid, en revanche, des insectes présents dans nos aliments? C’est là une toute autre question. Les récoltes sont presque toujours envahies par les parasites; de ce fait, elles contiennent en général des morceaux d’insectes. Une agriculture 100% sans insectes demanderait une quantité d’insecticides et de mesures antiparasitaires telles que les fermiers dépenseraient plus d’argent qu’ils n’en gagneraient. Et il faut préciser qu’à certains niveaux, les dégâts occasionnés par les insectes ne se remarquent même plus. C’est pourquoi les agriculteurs et les agricultrices ne luttent contre les parasites qu’en cas de franchissement d’un certain seuil économique –le niveau de densité de population parasitaire (nombres d’insectes par hectare, par plante, etc.) à partir duquel le coût du traitement de l’infestation est inférieur aux pertes que cette dernière occasionnerait… et le corps agricole n’opte pour la lutte antiparasitaire que lorsque la population de parasites est en dessous de ce seuil.
Une quantité limitée en fonction des aliments
Autant dire que les récoltes végétales contiendront toujours des insectes, quelle que soit leur origine ou le mode de culture… Conséquence: tout ce que vous achetez en magasin ou sur un marché –notamment les aliments transformés– contient de toutes petites quantités d’insectes. Ces dernières sont sans danger (puisque comestible), mais elles demeurent des intruses; les organismes de réglementation imposent donc des limites à ne pas dépasser en fonction des aliments. La Food and Drug Administration américaine parle de Food Defect Action Levels, les «niveaux d’anomalies alimentaires naturelles ou inévitables ne représentant aucun risque sanitaire pour l’homme».
Ces niveaux représentent un seuil maximal: la plupart des aliments du commerce sont beaucoup moins contaminés. Si vous avez consommé des aliments approchant ce seuil, vous avez peut-être mangé l’équivalent de plusieurs insectes sans vous en rendre compte. Qu’importe: cela vous fera toujours un peu de protéines supplémentaires.