Égalités / Sports

Le sport permet aux grandes universités américaines de rester un bastion blanc

Temps de lecture : 2 min

Aux États-unis, des critères extra-scolaires sont pris en compte dans les admissions.

L'équipe d'aviron de Harvard, pendant une compétition sur la Tamise en 2002 | Martin Hayhow / AFP
L'équipe d'aviron de Harvard, pendant une compétition sur la Tamise en 2002 | Martin Hayhow / AFP

Harvard, l’une des universités les plus prestigieuses du monde, traverse en ce moment une période trouble. Elle est au coeur d’un procès qui met en accusation ses pratiques de recrutement. Harvard utilise des méthodes d'affirmative action (discrimination positive) pour sélectionner ses futurs étudiants et étudiantes. L’objectif est de garantir une diversité ethnique au sein de l’université.

Ainsi, d’autres critères que les notes (activités extra-scolaires, motivations, etc…) sont pris en compte pour accéder à Harvard, l’idée sous-jacente étant que la seule appréciation des résultats académiques favoriserait les familles blanches, avec un fort capital culturel et qui évoluent dans des milieux privilégiés.

Cette méthode a en partie marché mais elle prend mal en compte les personnes asiatiques et une plainte accusant Harvard de les discriminer a été déposée. (Toute cette situation est expliquée en détail dans cet article de Claire Levenson sur Slate).

Dans le cadre de ce procès, quantité de données ont été livrées concernant le processus de sélection. Il apparait aujourd’hui qu’au moins un de ces critères extra-académiques censés améliorer la diversité favorise en fait largement les Blancs: le sport.

Les athlètes largement favorisés

Aux États-Unis, les athlètes sont extrêmement privilégiés dans les admissions à l’université. Les candidatures pour Harvard sont notées sur une échelle de un à six basée sur les qualifications académiques. Il apparait que 70% des sportifs et sportives de haut niveau qui obtiennent un quatre sont admis. À note équivalente, 0,076% des non-sportifs sont acceptés, c’est quasiment 1.000 fois moins. De même, lorsque leurs résultats scolaires sont très bons, les athlètes sont acceptés à 83%, contre 16% pour les autres.

Le sport universitaire est extrêmement populaire Outre-Atlantique et une fac peut gagner en prestige grâce à ses bons résultats sur le terrain. Certes, bon nombre des athlètes universitaires célèbres, ceux qui passent à la télé ou font la couverture des magazines, sont noirs. Cela est dû au fait qu’ils participent à des sports populaires comme le football américain ou le basket. Mais ils ne sont pas représentatifs de la réalité du milieu. Selon les estimations de la puissante NCAA, la plus grande organisation sportive universitaire du pays (et du monde), 61% des jeunes athlètes universitaires sont blancs. Et ce pourcentage augmente encore pour les écoles d’élite, il est de 65% au sein de l’Ivy League.

Sports de bourgeois blancs

En effet, si le foot et le basket sont les disciplines les plus populaires, elles en cachent d'autres peuplées de jeunes Blancs comme le golf, la voile, le water-polo, l’escrime, l’aviron ou le hockey sur glace. Ces activités ont davantage une réputation de country club que de sports de lycées urbains et sont très coûteuses, nécessitant souvent des infrastructures particulières.

Selon la NCAA, sur 232 sportifs en première division de voile l’année dernière, pas un seul n’était noir. Autres exemples, 85% des joueurs de Lacrosse sont blancs, 90% pour le hockey sur glace. Le sport est ainsi un levier pour que les écoles d’élites demeurent un bastion de familles blanches aisées.

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