Le lendemain des auditions du juge Brett Kavanaugh et de Christine Blasey Ford, qui l'accuse d'agression sexuelle, le sénateur républican de l'Arizona, Jeff Flake, avait annoncé dans la matinée qu'il voterait pour confirmer Kavanaugh. Son vote est décisif car il suffit de deux républicains modérés dissidents pour que Kavanaugh ne soit pas confirmé à vie à la Cour Suprême.
Peu après cette annonce, qu'il avait justifiée en évoquant l'importance du principe de présomption d'innocence, Flake s'est retrouvé coincé dans un ascenseur face à deux femmes en colère. La vidéo a fait le tour du monde.
«Ne détournez pas votre regard. Regardez-moi et dites-moi que ce qui m'est arrivé n'importe pas, que vous laisserez des gens comme ça siéger au plus haut tribunal du pays, pour dire à tout le monde comment ils doivent disposer de leurs corps», a déclaré Maria Gallagher, qui a été victime d'agression sexuelle.
Quelques heures après cette interaction, le sénateur Flake est revenu sur sa décision de confirmer Kavanaugh. Il a demandé qu'une enquête sur les accusations de Blasey Ford soit menée durant une semaine. Le chef des Républicains au Sénat a été forcé d'accepter ce compromis.
Plusieurs journalistes ont demandé à Flake si sa rencontre forcée avec les deux militantes avait été décisive. Il a répondu qu'il ne pouvait pas identifier une seule conversation qui lui avait fait changer d'avis:
«Il y a eu des interactions avec de nombreuses personnes au téléphone, par email, par texto, en marchant dans le Capitole, partout».
Maria Gallagher et Ana Maria Archila, l'autre femme qui est intervenue dans l'ascenseur, ont été célébrées sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Gallagher s'est dite «soulagée que @JeffFlake ait entendu [s]a voix et celle d'@AnaMariaArchil2 dans l'ascenseur du Sénat.»
Dans le New York Times, Archila, qui est directrice du Centre pour la Démocratie Populaire, raconte qu'elle avait suivi le sénateur dans les couloirs car elle voulait qu'il «ressente [s]a rage.» Elle a aussi dit que c'était une des premières fois qu'elle avait évoqué son agression sexuelle en public.