Dans l’imaginaire collectif, l’espace a longtemps été la frontière ultime, sur laquelle l’humanité n’a pas de prise. Lorsque cette frontière a finalement été franchie, l’effort sur-humain nécéssaire n'a été réalisable que par des super puissances étatiques. Les États-Unis, l'URSS et plus tard la République Populaire de Chine sont à ce jour les seuls à avoir effectué un alunissage en douceur sur le sol lunaire. Cette situation pourrait vite changer.
Maintenant que le secteur privé est désormais bien installé dans le marché du lancement de fusées, son prochain objectif est de conquérir à son tour la Lune. L’année dernière, Astrobotic, une entreprise américaine, a annoncé qu’elle y enverrait un module lunaire avec la fusée de l’United Alliance Rocket. En juillet, Blue Origin, une société créée par Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, a déclaré préparer un alunissage pour 2023. Encore plus récemment, ispace, une société japonaise a signé un contrat avec Space X pour rien de moins que deux missions lunaires.
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Nouveau marché
Pour ces entreprises, il n’est pas question de trouvailles scientifiques ou de fierté nationale. La Lune est un marché. L’objectif est de trouver des clients qui paieront pour des travaux de minage de ressources, ou pour faire de l’import-export entre la Lune et la Terre.
Sur son site, ispace exprime clairement son ambition: «Créer un monde où la Lune et la Terre font parti du même système, qui repose sur une économie spatiale». Un projet qui ressemble à s’y méprendre avec le futur dystopique de Totall Recall, mais avec moins d’Autrichiens bodybuildés. Aaron Sorenson, le directeur de la communication de l’entreprise, préfère l’expliquer en ces termes: «On ne peut pas simplement être une start-up excitée à l’idée d’aller sur la Lune. Nous avons besoin d’un business durable».
Cette orientation est à prendre au sérieux puisque la NASA elle-même tend en ce moment à encourager ces initiatives. Jim Bridenstine, le directeur de la NASA (un climato-sceptique récemment nommé par Donald Trump) a récemment annulé une mission lunaire en précisant que les instruments développés pour la préparer pourraient servir à des missions commerciales. Il a aussi précisé qu’il voulait que ce genre de missions en partenariat avec la NASA puissent atteindre la Lune dès 2019.