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Avec internet, on a de moins en moins de type de physique préféré

Temps de lecture : 2 min

Notre exposition permanente à des images nous rend plus versatiles.

Question de points de vue? | Alexandru Zdrobău via Unsplash CC License by
Question de points de vue? | Alexandru Zdrobău via Unsplash CC License by

On imagine souvent que nous sommes déterminés par des milliers d’années de sélection naturelle qui nous feraient préférer certains traits à d’autres –comme la symétrie faciale. On pense aussi que nos standards de beauté changent avec le temps, l'évolution des représentations dans les médias et la culture populaire, mais que cela n'empêche pas une certaine subjectivité –chacun et chacune aurait donc son type de physique préféré, une sorte de constante de la vie affective.

Pourtant aujourd’hui, nos standards évoluent plus vite et parfois en une fraction de seconde. «La beauté est toujours dans l’œil de celui qui regarde, mais notre travail suggère qu’il pourrait bien constamment changer d’avis», ironise Haiyang Yang, professeur à l’université de Johns Hopkins et auteur d'une étude sur la perception de la beauté. Avec les réseaux sociaux, les sites de rencontre et l'abondance d'images disponibles en ligne, «les personnes changent de standards plus rapidement que jamais».

Cerveau lent

Notre manière de juger l’attractivité d'une personne change en fonction d’autres visages que nous avons déjà vus, et sur les sites de rencontre nous en voyons beaucoup, à quelques fractions de seconde d'écart.

Une équipe scientifique australienne a demandé à des femmes de noter des hommes comme «attirants» ou «non-attirants» –le même choix binaire que sur Tinder– après avoir regardé un tiers de seconde leur photo. Les résultats montrent qu'un homme est plus facilement jugé attirant si les personnes avant lui le sont aussi, et inversement. D’autres participants et participantes devaient ensuite noter de 1 à 8 plus de 242 visages et les scientifiques ont pu établir le même constat: la perception de la beauté évolue en fonction des images précédemment vues.

«Votre cerveau ne peut pas traiter toute cette information qui inonde continuellement le système visuel, alors il crée des raccourcis quand il le peut, simplifie Jessica Taubert, l'autrice principale de l’étude, à la BBC. Votre cerveau se fie aux précédents indices visuels pour ne pas constamment avoir à analyser de nouvelles informations

Le raccourci en question est référencé par les scientifiques sous l'expression «dépendance en série». Notre cerveau s’attend à pouvoir détourner le regard, revenir sur un objet ou une personne et revoir la même chose. Si on «swipe» trop vite d’un profil à l’autre, on risque d’être pris ou prise dans une sorte d’illusion et de confondre l’impression donnée par une précédente photo avec celle de la suivante.

Perception altérée

D’autres recherches ont montré que quand on se contente de jeter un regard à une personne, on la trouve plus attirante que quand on prend le temps de la regarder. Si dans la vie réelle, il suffit d'un deuxième regard pour confirmer (ou pas) une impression, sur les réseaux sociaux on peut sous ou sur-évaluer quelqu'un par accident et rater de potentielles rencontres. Notre perception a de grandes chances d’être altérée par le flot continu d’images auxquelles nous sommes confrontés.

On peut aussi trouver un point plus positif dans cette évolution. «Notre perception visuelle de la beauté évolue avec chaque visage que l’on voit. Cela veut dire que nos standards de beauté peuvent changer avec nos expériences visuelles», affirme Teresa Pegors, professeur de psychologie. «Nous ne sommes pas coincés dans un standard impossible que l’ère numérique nous impose. On peut, aussi, choisir de regarder d’autres images.»

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