Le site The Independent vient de livrer une enquête sur les différentes formes de racisme dont sont victimes les personnes racisées (ou supposées racisées) sur les applis de rencontre. Ici comme ailleurs, la discrimination revêt plusieurs formes, ce qui la rend d'autant plus difficile à combattre pour les reponsables des différentes franchises.
Il y a tout d'abord ces utilisateurs et utilisatrices qui profitent de la description de leur profil pour préciser que les personnes de telle ou telle couleur peuvent passer leur chemin («pas de mères célibataires ni de femmes africaines», cite l'article en exemple). Le tout est généralement enrobé dans une bonne dose d'hypocrisie, les personnes concernées ayant généralement tendance à affirmer qu'elles expriment là une simple préférence sexuelle, et que préférer les blancs et les blanches n'est pas plus choquant que si cela concernait les grands bruns ou les petites blondes.
Fétichisation des femmes racisées
À l'autre bout du spectre, il y a aussi celles et ceux qui fétichisent une couleur ou une origine. Une personne blanche qui ne chercherait par exemple à n'entrer en contact qu'avec des gens d'origine asiatique développe un comportement raciste, puisque ce type de requête s'accompagne systématiquement d'une brochette de stéréotypes discriminatoires (les femmes asiatiques seraient soumises et kawaiï, tandis les femmes noires sont régulièrement comparées à des tigresses).
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Il y a également les blagues racistes, les photos de profil racistes (blackface ou décorations exprimant une nostalgie du colonialisme), et toutes les remarques que ne veulent plus tolérer les victimes de discriminations. Aujourd'hui inactif, le compte Twitter @GrindrRacism a un temps recensé les différents types de comportements racistes relevés sur l'appli gay Grindr, mais de telles observations auraient pu être effectuées n'importe où.
En septembre, Grindr lancera Kindr, une campagne alliant «éducation, prise de conscience et changements de politique d'utilisation de l'appli, qui aideront à construire une plateforme plus inclusive et respectueuse». Les entreprises ont tardé à se réveiller mais commencent à prendre des mesures sur le sujet, dont il est cependant difficile d'imaginer qu'elles règleront les problèmes. Chez Bumble, c'est par un système de recherche automatique de mots-clés que l'on essaie de repérer les utilisateurs et utilisatrices racistes.
Les femmes noires, moins demandées
En 2014, le site OKCupid dévoilait une étude montrant que les personnes recevant le moins de message étaient les femmes noires, tandis que les personnes blanches étaient de loin celles qui en recevaient le plus grand nombre. «Il nous faut travailler sur les stéréotypes liés à la beauté», résume le psychologue Binna Kandola, auteur de différents ouvrages sur le racisme.
«Si vous tapez "beauté" sur Google Images, les photos de femmes blanches constituent la majorité des résultats. Si nous voyions davantage de femmes non blanches intervenir dans le monde de la mode et de la beauté, notre conception de ce qu'est la beauté finirait par changer». Bref, la route est longue et ne passe pas que par les applis de dating.